WERVE CLAUS DE (connu entre 1396 et 1439)
La personnalité artistique de Claus de Werve est longtemps demeurée obscure pour les historiens d'art. Le puissant génie de son oncle Claus Sluter, qui le prend dès 1396 comme aide, éclipse un sculpteur que des recherches récentes ont contribué à réhabiliter. Il est inconcevable qu'entre la date de 1396 et celle de sa mort le 8 octobre 1439 il n'ait exécuté que le retable de Bessey-lès-Cîteaux, sa seule œuvre attestée par une inscription. Cette sculpture d'une exécution extrêmement médiocre n'annonce en rien un grand maître, ce qui explique la défaveur dont il fut longtemps l'objet. Après avoir été l'adjoint de son oncle, il semble avoir pris rapidement une place prépondérante dans l'atelier de l'imagier du duc. Sluter tombe alors gravement malade une première fois en 1399, puis une autre fois en avril 1404 ; quelques semaines avant le décès de Philippe le Hardi, il se retire comme pensionnaire libre dans l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon. Mais il signe encore un marché (11 juill. 1404) avec le nouveau duc Jean sans Peur pour l'achèvement du tombeau de Philippe le Hardi. À cette date, seuls deux pleurants sont exécutés et, si la conception du cortège funèbre revient à Sluter, les quarante et un pleurants sont sortis pour la plupart du ciseau de son neveu, qui ne les termine qu'en 1410. Avant l'achèvement de l'œuvre, Jean sans Peur traite avec son nouvel imagier pour sa propre sépulture (31 mai 1410). Ce n'est cependant pas avant 1435 que des blocs de marbre noir sont achetés à Dinant et ce n'est que l'année suivante que de Werve se rend à Grenoble pour acheter des pièces d'albâtre. Entre-temps, le sculpteur est tombé gravement malade (1418). Il semble donc qu'il se soit contenté de projeter le tombeau en s'inspirant de celui de Philippe le Hardi, car la plus grande part de l'activité de Claus de Werve est antérieure à sa maladie. Il est intervenu de façon importante dans l'exécution du Puits de Moïse et on tente de lui attribuer les figures de Zacharie, de Daniel et d'Isaïe, mises en place seulement au début de l'année 1401. Il est incontestable qu'elles n'ont pas la qualité des trois autres personnages. Leur style apaisé, notamment le traitement des draperies, rappelle certains des pleurants du tombeau de Philippe le Hardi. L'adoucissement du style de Claus de Werve par rapport à celui de Sluter apparaît également dans un certain nombre d'œuvres que l'on a tenté de lui attribuer : le Christ de la Mise au tombeau de Langres (entre 1415 et 1419) et le merveilleux torse du Christ, récemment découvert à Saint-Bénigne de Dijon, qui s'inspire en partie de celui qu'avait exécuté Sluter pour le Puits de Moïse. Revenant sur les effets dramatiques préconisés par Sluter, Claus de Werve préfère les surfaces plus calmes où les ombres glissent sans heurt. Plus tôt qu'on ne le croyait jusqu'alors, la détente est amorcée dans l'art bourguignon. La Huerta, successeur de Claus de Werve, va porter ce courant à son apogée.
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Écrit par
- Alain ERLANDE-BRANDENBURG : conservateur général honoraire du Patrimoine
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