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STAUFFENBERG CLAUS SCHENK comte von (1907-1944)

Fils d'un chambellan de la cour wurtembergeoise, Claus von Stauffenberg descendait par sa mère de deux généraux célèbres de l'époque napoléonienne dont Gneisenau, héros de la guerre de la libération contre les Français. Beau, doué pour les exercices physiques autant que pour les recherches de l'esprit, Stauffenberg puise au sein d'une famille cultivée, raffinée et ardemment catholique la source de son mysticisme ; celui-ci s'épanouit dans le sillage du poète Stefan George dont il est l'un des disciples. Élève officier au 17e régiment de cavalerie du Bamberger Reiter, il entre dix ans plus tard, en 1936, à l'École de guerre de Berlin. Après avoir combattu en Pologne et en France, il participe pendant quelques mois à la guerre sur le front russe. C'est là, où il a été le témoin des cruautés de l'occupation allemande, que Stauffenberg conçoit le projet de libérer conjointement son pays de Hitler et la Russie de Staline. Au début de 1943, il est envoyé sur le théâtre des opérations en Tunisie ; quelques jours plus tard, sa voiture saute sur une mine, lui enlevant la main et l'œil droits. Soigné à Munich, il est ensuite envoyé à Berlin avec le grade de colonel et il entre à l'état-major du général Olbricht. Ayant adhéré sincèrement au national-socialisme à ses débuts, Stauffenberg a désormais perdu ses illusions ; il est converti à un socialisme d'inspiration religieuse et convaincu qu'il doit délivrer sa patrie. Il se situe à la « gauche » de la conspiration avec Olbricht et Moltke, tandis que l'aile conservatrice, « réactionnaire », est représentée par Beck et Goerdeler. Moltke est arrêté en février 1944 et l'Abwehr dont le chef, l'amiral Canaris, partage les convictions, est étroitement surveillé par la Gestapo. Déjà plusieurs attentats contre le Führer ont échoué ou n'ont pu trouver un commencement d'exécution.

Au début de juillet, Stauffenberg est promu chef d'état-major de l'armée de l'intérieur, force destinée à assurer la sécurité dans les grandes villes. Sa nouvelle fonction lui permet d'assister fréquemment à des conférences autour de Hitler. Mais le plan des conjurés prévoit, conjointement à celle de Hitler, la disparition de Himmler et de Göring. Stauffenberg, qui transporte constamment une bombe dans sa serviette, doit attendre jusqu'au 20 juillet une occasion favorable. Ce jour-là, il quitte la salle des séances cinq minutes avant l'heure prévue pour l'explosion, 12 h 40. Caché dans un bâtiment voisin, il voit les flammes et le jaillissement des débris ; persuadé que Hitler est sous les décombres, il s'envole pour Berlin, où les conjurés ne se décident que vers 16 heures à déclencher le plan Walkyrie prévu en cas de réussite. Malgré l'énergie déployée par Stauffenberg pour rallier les hésitants et hâter la prise de contrôle des organes de transmission, le bruit que Hitler est vivant se répand parmi les conjurés, accélérant les défections. Dans la nuit du 20 au 21 juillet, Erich Fromm, l'un des principaux conjurés, ordonne l'exécution de Stauffenberg, Olbricht et Haeften, afin d'effacer toute trace de son implication dans le complot. Vivante incarnation, jusqu'à son dernier souffle, du héros romantique, Stauffenberg tombe en criant « Vive Allemagne ».

— Solange MARIN

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  • TROISIÈME REICH (1933-1945)

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    Le colonel von Stauffenberg déposa au grand quartier général de Hitler une bombe de faible puissance, le 20 juillet 1944. L'attentat échoua : Hitler ne fut que légèrement blessé. Mais ce qui empêcha la conjuration de réussir, ce furent en premier lieu les hésitations inouïes des chefs militaires qui,...