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CLAVECIN

Le clavecin commence à apparaître, textes et documents iconographiques en font foi, notamment un manuscrit dû à Henri-Arnault de Zwolle, médecin et astronome à la cour de Bourgogne, puis auprès de Louis XI, à la fin du xve siècle ; cette période, cruciale dans l'histoire de la musique, est celle où les savantes combinaisons de la musique franco-flamande cèdent peu à peu la place à un contrepoint moins compliqué et où se fait sentir davantage l'importance de l'harmonie. Le clavecin, comme le luth et l'orgue, va jouer un rôle presque expérimental, mais en exprimant toujours un grand raffinement. Grâce au clavecin, la musique règne chez les amateurs comme chez les musiciens de métier, les formes musicales s'affirment, les styles, les écoles se précisent.

Facile à accorder, cet instrument permet d'exécuter la musique dans tous les modes et systèmes alors en usage, et cela d'une manière toujours satisfaisante pour les oreilles exigeantes des siècles passés. Des constructeurs habiles sont parvenus à faire des instruments dans lesquels certaines touches, divisées en deux, correspondent à deux cordes distinctes et permettent d'obtenir une intonation plus juste, différenciant, par exemple, le sol dièse du la bémol.

Le clavecin – ainsi que l'épinette et le virginal, qui font partie de la même famille des cordes pincées – convient aussi bien aux pièces solistes qu'à l'exécution de la basse continue, à l'accompagnement du chant et des instruments isolés qu'à celui de l'orchestre. Aussi connaît-il trois siècles d'usage constant, sans aucune éclipse, ce qui n'est pas le cas de la guitare, entre autres.

Les premiers traités décrivant le jeu spécifique de cet instrument dénotent une expérience déjà longue. Le toucher au clavecin, comme le recommande Couperin, est tout en souplesse et précision dans l'attaque de la corde ; le phrasé s'obtient par une subtile répartition des sons et des silences et par une ornementation qui met en valeur les points forts de la mélodie et de l'harmonie. Les doigts du musicien doivent jouir d'une indépendance parfaite afin de conférer à la polyphonie toute sa clarté. L'hypothèse, souvent avancée, tendant à expliquer l'abondance d'ornements, dans le répertoire de clavecin des xviie et xviiie siècles, par la nécessité de compenser la fugacité des sons de l'instrument n'a plus grand sens de nos jours. Des études récentes montrent en effet que les clavecins anciens ont sciemment été construits pour que l'attaque de la corde suscite instantanément le son dans toute sa richesse avec une décroissance presque immédiate, le son étant amplifié par un corps sonore très sensible, réagissant tout de suite. Une prolongation excessive du son rendrait le jeu polyphonique impossible et conférerait même à l'harmonie une confusion insupportable : ainsi, lorsqu'on use des registres, posés à la fin du xviiie siècle en France, qui soulèvent les étouffoirs pour obtenir un effet de « harpe », les sons se mêlent en une sorte de halo ; cet effet est recherché dans certains cas. L'ornementation est avant tout un élément stylistique, que l'on observe dans la musique vocale et dans le reste de la musique instrumentale.

Le son « grêle » du clavecin ne vient que d'instruments mal réparés, mal réglés, mal montés, ou d'instruments modernes de mauvaise qualité. La sonorité véritable du clavecin est franche, pleine, équilibrée, riche en harmoniques. Ces caractères ont été oubliés pendant tout le xixe siècle et une partie du xxe.

La famille Bach, Rosenthal - crédits : Bettmann/ Getty Images

La famille Bach, Rosenthal

C'est l'avènement du romantisme qui a précipité le clavecin dans l'oubli : son esthétique ne convenait pas au lyrisme nouveau. Il a fallu un puissant mouvement de retour à des sources musicales anciennes, à commencer par Jean-Sébastien Bach,[...]

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La famille Bach, Rosenthal - crédits : Bettmann/ Getty Images

La famille Bach, Rosenthal

Wanda Landowska - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wanda Landowska

Clavecin Ruckers - crédits : AKG-images

Clavecin Ruckers

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  • CLAVECIN, en bref

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