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BRENTANO CLEMENS (1778-1842)

C'est autour de Brentano que se regroupa quelque temps, à Heidelberg, la deuxième génération romantique allemande, peu après 1800, lorsque se fut dissoute l'école d'Iéna. Brentano a touché à tous les genres, et c'est un des tempéraments les mieux doués et les plus créateurs du romantisme. Mais il a gaspillé ses dons et n'est parvenu à réaliser presque aucun de ses ambitieux projets.

Un élève des romantiques d'Iéna

Brentano fit ses débuts littéraires dans la capitale du romantisme qu'était alors Iéna, en publiant, dès 1800, contre Kotzebue et les ennemis du romantisme en général, une satire, Gustav Wasa, et, en 1801-1802, le roman Godwi. Les analogies avec le Wilhelm Meister de Goethe, modèle de tous les romans romantiques, ne manquent pas. L'influence du William Lovell de Tieck et celle du roman inachevé de F. Schlegel, Lucinde, y sont aussi très sensibles. Godwi, où se reflète la passion de Brentano pour Sophie Mereau qu'il devait épouser en 1803, quand elle eut divorcé, est un roman révolutionnaire qui proclame les droits de l'individu et du cœur contre les convenances et la morale bourgeoises. La poésie et la beauté de certains passages, la grâce frivole et espiègle de certaines scènes se perdent au milieu d'une intrigue compliquée, d'une masse touffue de considérations, des jeux perpétuels d'une fantaisie indomptée. Un grand nombre de poésies sont insérées dans le roman ; quelques chants et ballades de ton populaire révèlent déjà les dons lyriques de Brentano : avec Die Lore Lay, il a notamment créé la légende qui devait inspirer à Heine une de ses poésies les plus connues. Il a, par la suite, violemment renié cette œuvre qui défend l'amour libre et proclame, tout à fait dans la tradition de l'Ardinghello de Heinse, le culte de la beauté et de la sensualité.

En 1803, Brentano publie une comédie dans le style de Gozzi, Les Joyeux Musiciens, qui sera mise en musique par E. T. A. Hoffmann. Une deuxième, Ponce de Léon, qui s'inspire à la fois de Calderón et de Shakespeare, et dont Büchner se souviendra plus tard en écrivant Léonce et Lena, paraît en 1804. Ici encore il donne libre cours à sa fantaisie. Il a dit lui-même n'avoir écouté que la « gaieté de son cœur » pour écrire cette pièce pleine d'entrain et parfois d'une grâce qui a pu faire penser aux opéras de Mozart. Quelques chants, comme le fameux Nach Sevilla qu'il interprétait lui-même en s'accompagnant à la guitare, sont devenus de vrais Volkslieder. Mais la prolifération de mots d'esprit et de calembours, les imbroglios de l'intrigue et l'excessive longueur gâchent l'ensemble.

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Nice

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<it>Des Knaben Wunderhorn</it> - crédits : AKG-images

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