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CLERC & CLÉRICATURE

Dès le ive siècle, à l'époque constantinienne, les clercs sont apparus comme les fonctionnaires de l'Église. Ils ont été nombreux au Moyen Âge : tout étudiant, alors, était clerc ; ainsi le mot (du grec clêros, sort, héritage) devint synonyme de « savant », « celui qui sait ». Depuis la réforme du pape Paul VI (1972), la cléricature est le statut de ceux qui sont « mis à part » ou choisis pour le ministère dans l'Église catholique et qui y accèdent par une véritable ordination. Ainsi se trouvent être désormais seuls clercs les diacres, les prêtres et les évêques. La tonsure, par laquelle on entrait jadis dans la cléricature, ainsi que les « ordres mineurs » ont été supprimés pour l'Église latine. On y entre maintenant par l'ordination du diaconat, et c'est à ce moment-là que l'on est « incardiné » dans un diocèse.

Le statut des clercs, qui est comparable à celui de tout fonctionnaire public, et était tout récemment encore marqué par une discipline sévère, comprend de nombreuses obligations : vie de piété personnelle et prière publique, étude, obéissance à l'évêque, port de l'habit ecclésiastique selon les lois et coutumes locales, interdiction d'exercer un métier jugé incompatible avec les fonctions spirituelles (tels la médecine et le commerce) ou de se comporter d'une manière ne convenant pas à l'état clérical. Parmi ces obligations, celle du célibat est, dans l'Église latine, l'une des plus importantes. Établie par les anciens conciles, celui d'Iliberis (Elvire, en Espagne) en Occident (309-312) et celui de Nicée en Orient (le Ier concile œcuménique, en 325), elle a été rappelée par une législation constante jusqu'à nos jours, mais elle n'a pris son caractère d'obligation qu'à l'époque de la réforme grégorienne, au xie siècle. Le IIe concile du Vatican, en restaurant dans l'Église latine le diaconat permanent, a admis les diacres mariés.

Le clerc jouit aussi de privilèges. Il peut perdre, totalement ou en partie, le statut clérical selon les mesures pénales ou administratives qui lui sont infligées par une procédure spéciale : déposition, privation de l'habit ecclésiastique, dégradation ou seulement « réduction à l'état laïc » (au sens du verbe latin reducere, retourner à) ; on dit, mieux que réduction à l'état laïc, « perte de l'état clérical ». Cette dernière procédure a été simplifiée et n'a plus nécessairement le caractère d'une peine ; la décision est prise alors, sur l'initiative soit de l'évêque soit de l'intéressé, par le pape, dont c'est la compétence exclusive. Le clerc perd alors les fonctions qu'il exerçait. Cependant, selon la tradition canonique, le prêtre réduit à l'état laïc recouvre ses facultés de ministre de l'Église dans des cas fixés par le droit (par exemple, le pouvoir d'absoudre un fidèle en danger de mort).

L'appellation de clerc est donnée aussi depuis le xvie siècle à des religieux : on parle alors de clercs réguliers. Ceux-ci sont régis par leurs propres règles, ainsi que par le droit commun des religieux, et assimilés, pour certains cas, aux clercs séculiers.

On a reproché au statut clérical d'avoir conduit à la formation d'une caste à part au sein de l'Église. Ce grief alimente les critiques actuelles (à la suite de celles qu'ont développées, sans arriver à un succès durable, les Réformateurs) d'un certain nombre de fidèles, de clercs et de théologiens favorables à une « décléricalisation » de l'Église et à une « déclergification » du clergé. La réforme par laquelle Paul VI a créé des ministères institués qui sont confiés à des fidèles non clercs annonce peut-être, cependant, une évolution du statut des clercs.[...]

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