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PÉPIN CLERMONT (1926-2006)

Le compositeur québécois Clermont Pépin compte parmi les figures dominantes de la vie musicale canadienne du xxe siècle, tant par son activité créatrice que par son rôle important dans le domaine pédagogique.

Jean-Josephat Clermont Pépin voit le jour à Saint-Georges-de-Beauce (province de Québec) le 15 mai 1926. Son premier professeur est Georgette Dionne-Lagacé, qui lui enseigne le piano et l'harmonie. En 1937, il reçoit un prix spécial de composition de la Canadian Performing Rights Society pour son Invention pour piano et un Ave Maria. De 1937 à 1941, il travaille à Montréal le piano avec Arthur Letondal, l'harmonie et le contrepoint avec Claude Champagne. En 1941, une bourse lui permet de poursuivre sa formation au prestigieux Curtis Institute de Philadelphie, où il obtient ses diplômes en 1944 après avoir fréquenté les classes de Jeanne Behrend pour le piano et de Rosario Scalero pour la composition. De retour au Canada, il étudie au Conservatoire de musique du Québec à Montréal (1944-1946) – avec Jean Dansereau (piano), Claude Champagne (composition), Louis Bailly (musique de chambre) et Léon Barzin (direction d'orchestre) – puis au Royal Conservatory of Music de Toronto, avec Lubka Kolessa (piano), Arnold Walter (composition) et Nicholas Goldschmidt (direction d'orchestre). Le prix d'Europe de l'Académie de musique du Québec, qu'il remporte en 1949, lui permet de venir à Paris (1949-1955) travailler avec Arthur Honegger et André Jolivet (composition), Yves Nat et Lazare Lévy (piano). Il fréquente la classe d'analyse d'Olivier Messiaen au Conservatoire, où Pierre Boulez, Karlheinz Stockausen et Serge Garant figurent parmi ses condisciples ; il découvre Schönberg, Berg et la technique sérielle.

Clermont Pépin a déjà donné ses premières œuvres, marquées par un sens inné de l'orchestre : deux concertos pour piano (1946 et 1949), Variations symphoniques (1947), Première Symphonie (1948)... De retour au pays, il enseigne la composition au Conservatoire de Montréal (1955-1964), dont il sera le directeur (1967-1973). La plupart de ses œuvres majeures sont créées par l'Orchestre symphonique de Montréal : Deuxième Symphonie (1957) et Troisième Symphonie « Quasars » (1967), Prismes et cristaux, pour cordes (1974). Le tableau de Picasso lui inspire un poème symphonique, Guernica (1952). Ce sens de la couleur, où l'on retrouve l'influence de Honegger, se retrouve dans Le Rite du soleil noir, poème symphonique d'après Antonin Artaud (1955), et dans Chroma, pour grand orchestre (1973). Sa Quatrième Symphonie « La Messe sur le monde », sur un texte de Teilhard de Chardin, fait intervenir un récitant et un chœur (1975, révisée en 1990), mais Pépin revient à l'écriture habituelle pour orchestre dans la Cinquième Symphonie « Implosion » (1983), l'une de ses œuvres les plus fortes, commande de l'Orchestre symphonique de Montréal pour son cinquantième anniversaire. De 1974 à 1977, il est conseiller au ministère des Affaires culturelles du Québec. Il enseigne à nouveau la composition au Conservatoire de Montréal (1978-1987). Il meurt à Montréal le 2 septembre 2006.

Si ses premières œuvres s'inscrivent dans un postromantisme aux couleurs généreuses, Pépin opte dès le milieu des années 1950 pour l'écriture sérielle, avec son Deuxième Quatuor « Variations » (1956). Ce qui n'est d'abord qu'une approche de curiosité devient une véritable recherche qu'il pousse aussi loin que Boulez en intégrant dans des formules mathématiques tous les paramètres de l'écriture musicale. Dans Nombres, pour deux pianos et orchestre (1962), il crée une spatialisation du son en plaçant des haut-parleurs dans la salle afin que les auditeurs soient complètement immergés dans la musique. Plus tard, c'est le dépouillement qui semble constituer[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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