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CLIENTÉLISME

Clientélisme et démocratie

Contrairement ce qui était l'opinion commune de la majorité des spécialistes des sciences sociales et politiques jusqu'aux années 1970, le clientélisme a donc survécu à la modernisation démocratique. Il s'en est même nourri, l'élargissement du champ de l'action publique ayant pu procurer des ressources de clientèle nouvelles et abondantes aux dirigeants des partis et aux élus.

Avant cette date, il était pourtant admis que les pratiques clientélistes relevaient d'un stade « traditionnel » de l'évolution politique et sociale, dont les sociétés paysannes de la périphérie de l'Europe, demeurée à la marge de cette évolution, fournissaient une illustration typique. Ces pratiques étaient de ce fait amenées à disparaître dans le courant de cette même évolution. L'urbanisation était censée libérer les individus des dépendances communautaires ; l'essor de l'instruction, encourager le civisme citoyen ; le progrès économique, favoriser la mobilité sociale et l'uniformisation des conditions d'existence, etc. Tout cela devait nécessairement conduire à la fin des notables et à l'épanouissement d'une démocratie d'opinion organisée autour des partis et de la confrontation des idéologies et des programmes.

Face à l'évidence de la pérennité du clientélisme dans des contextes sociaux modernisés, de nombreux sociologues et politologues ont modifié leur point de vue. Ils ont fait du clientélisme non plus un reliquat de la tradition mais une manifestation des dysfonctionnements de la démocratie, une anomalie du système politique liée soit aux carences de la « culture civique » des populations (Robert D. Putnam) soit aux détournements des institutions opérés par des dirigeants politiques uniquement occupés à conserver leur pouvoir. Le clientélisme était alors considéré comme une pathologie politique, entravant la réalisation d'une démocratie accomplie ainsi que sa légitimation durable (Luigi Graziano).

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