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CLISTHÈNE (570 av. J.-C.?-? 508 av. J.-C.)

Homme d'État athénien considéré comme le père de la démocratie, né vers 570 av. J.-C., mort vers 508.

Clisthène, fils de Mégaclès II, appartient à la famille des Alcméonides. Celle-ci joue un rôle majeur dans la vie publique de la cité depuis le début de l'époque archaïque. Mais elle souffre de la malédiction publique suscitée au siècle précédent par Mégaclès Ier, l'arrière-grand-père de Clisthène, avec le massacre des partisans de Cylon. Opposée au tyran Pisistrate, elle doit quitter l'Attique en 546. Clisthène n'y reviendra qu'une vingtaine d'années plus tard.

À la mort de Pisistrate (vers 528-527), son fils et successeur, Hippias, tente de ramener à lui les nobles qui avaient été les plus hostiles à la tyrannie. Il rappelle alors les Alcméonides et Clisthène est élu premier archonte d'Athènes en 525-524. Mais la réconciliation ne dure pas. Effrayé par l'assassinat de son frère Hipparque (514), Hippias accentue la répression dès 512. Les Alcméonides tentent en vain avec d'autres nobles de revenir au pouvoir. Ils en appellent alors à Delphes, qui demande à Sparte de libérer Athènes. Une armée spartiate force finalement Hippias et sa famille à quitter l'Attique.

Après le renversement des tyrans, Clisthène ne parvient pas à imposer son pouvoir. En 508, Isagoras, chef de la réaction aristocratique, est élu premier archonte. Clisthène s'appuie alors, selon Hérodote, sur le peuple pour faire évoluer la situation. Avant la fin de l'année 508-507, il élabore les grands principes d'une réforme démocratique des institutions athéniennes approuvée par l'Assemblée du peuple (ekklèsia). Dans le même temps, un parent des Alcméonides est élu premier archonte pour l'année à venir. Isagoras quitte Athènes pour demander l'intervention du roi de Sparte, et les Alcméonides connaissent à nouveau l'exil. Sparte n'a en effet aucune envie de voir la démocratie apparaître à Athènes, mais elle a mal évalué les sentiments du peuple. Sa tentative d'imposer Isagoras à la tête d'une oligarchie restreinte suscite une très forte opposition et les Spartiates doivent se retirer. Les Athéniens rappellent alors les exilés et appliquent les décisions prises par l'Assemblée en 508.

Si la tyrannie a amélioré la situation économique du peuple et temporairement brisé le pouvoir politique des clans aristocratiques, Clisthène a compris que la plupart des anciennes familles se tournent encore vers le passé plutôt que l'avenir. Les réformes de Solon (594-593), qui ont notamment instauré un système censitaire fondé sur quatre classes de citoyens, ne peuvent pas être pleinement appliquées tant que les privilèges héréditaires persistent. Clisthène persuade donc le peuple de fonder l'organisation politique non plus sur la famille, le clan et la phratrie, mais sur le territoire. Les droits et les devoirs du citoyen dépendent alors de l'appartenance à une circonscription territoriale (dème), qui tient son propre registre des citoyens et élit ses propres magistrats. Le citoyen athénien ne fait alors plus suivre son nom du seul nom de son père mais aussi de celui de son dème. Les quatre tribus ioniennes (phylè), fondées sur les liens du sang, sont remplacées par dix nouvelles tribus locales. Celles-ci sont constituées de trois trittyes non contiguës, prises dans chacune des trois nouvelles zones de l'Attique (la ville, la côte, l'intérieur) afin de réaliser un véritable brossage et d'empêcher la constitution de factions. Clisthène prend probablement aussi des mesures pour réduire l'influence locale de certaines grandes familles de prêtres. Les tribus locales deviennent la base de la représentation des magistratures et le Conseil, la boulè solonienne, est porté de quatre cents à cinq cents membres (cinquante[...]

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Écrit par

  • : membre du Balliol College, Oxford, ancien maître de conférences en histoire ancienne à l'université d'Oxford
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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