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CORDELIERS CLUB DES

C'est le 27 avril 1790 que naît la Société des Amis des droits de l'homme et du citoyen tenant ses séances en l'église des Cordeliers. Avant d'abriter un club, l'église avait donné son nom à l'un des soixante districts parisiens créés en avril 1789. Le district des Cordeliers, correspondant à peu près au quartier de l'actuel Odéon, était habité par de nombreux journalistes et intellectuels patriotes ; il avait été capable, le 22 janvier 1790, groupé derrière Danton, son président, d'empêcher tout un bataillon des miliciens de La Fayette de parvenir à s'assurer de la personne de Marat. Le terrain était donc propice à la création d'un club qui, d'emblée, se situera à la gauche des Jacobins. Il faut pourtant dénoncer une confusion trop fréquente chez les journalistes et les romanciers de l'histoire (que l'on trouve même dans le Quatre-vingt-Treize de Hugo) entre le district éphémère, remplacé dès le printemps de 1790 par la section du Théâtre-Français, et le club qui vivra d'avril 1790 à avril 1794. Quatre fois président du district, Danton, par exemple, fréquentera très rarement le club et militera bien davantage chez les Jacobins. Et quand Camille Desmoulins lancera en décembre 1793, de connivence avec Danton, son journal Le Vieux Cordelier, l'adjectif « vieux » ne renvoie guère qu'au district et indique le sens de l'opération : offensive des « indulgents » qui forment l'aile droite des Jacobins contre l'extrémisme des Cordeliers.

Extrémisme marqué dès la naissance du club, où sont admis d'emblée les femmes et les citoyens « passifs », tous ceux auxquels, que ce soit en raison du sexe ou d'une contribution fiscale trop faible, la Constitution refuse le droit de vote (la cotisation est volontairement si faible qu'elle ne peut gêner personne). Dès le début, note Mathiez qui est le meilleur historien de la première partie de leur histoire, les Cordeliers tiennent d'abord à « rester en contact avec le peuple des travailleurs et des petites gens, continuellement et directement intéressés à leurs démarches. Ils entreprennent des enquêtes, ils visitent dans les prisons les patriotes opprimés, ils leur donnent des défenseurs, ils saisissent l'opinion par des placards, ils viennent en aide aux familles des victimes par des souscriptions. Bref, ils sont un groupement d'action et de combat ». Dans cette perspective, bien plus concrète que les grands débats d'idées qui se succèdent chez les Jacobins, les Cordeliers jouent le rôle décisif, en 1790-1791, dans la création des sociétés fraternelles à Paris (quelques tentatives aussi dans les départements, mais l'audience cordelière restera toujours surtout parisienne, les Cordeliers n'ayant pas le génie proprement jacobin de l'essaimage strictement contrôlé) et leur fédération ; le Comité central des sociétés fraternelles qui se crée en mai 1791 est présidé par le Cordelier Robert et tient ses séances chez les Cordeliers.

Extrémisme qui se marque aussi par des initiatives proprement politiques. Le 11 avril 1791, une délégation des Cordeliers vient à la Constituante pour réclamer la loi agraire. Dès la fin de 1790, le Cordelier Robert publie Le Républicanisme adapté à la France ; dès la fin de mai 1791, le Cordelier Rutledge lance un journal, Le Creuset, nettement républicain. Il n'est donc pas étonnant qu'au lendemain de la fuite à Varennes, alors que les Jacobins et les patriotes plus modérés hésitent et se divisent, les Cordeliers lancent immédiatement une pétition pour réclamer la république, militent ardemment dans ce sens les jours suivants et lancent la seconde pétition républicaine dont le dépôt sur l'autel de la patrie au Champ-de-Mars provoquera le massacre des patriotes par Bailly et La Fayette le 17 juillet 1791.[...]

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