FEUILLANTS CLUB DES
Dès le début de 1790 s'était formée une Société de 89, réunissant des modérés du parti patriote (Sieyes, La Fayette, Talleyrand). Mais la grande scission qui aboutit à la création du club des Feuillants date du 18 juillet 1791, au lendemain de la fusillade du Champ-de-Mars, lorsque tous les députés, sauf cinq (dont Robespierre, Pétion et Buzot), se transportent dans l'église du couvent des Feuillants (nom d'une branche cistercienne réformée depuis 1577) pour former une nouvelle Société des amis de la Constitution. Aucun membre n'y sera admis sans avoir déclaré son attachement à la Constitution décrétée par l'Assemblée et acceptée par le roi. Les Jacobins ne réussissent à rallier que quelques députés de l'extrême gauche, mais ils conservent et accroissent leur influence sur la majorité des sociétés affiliées des départements et, débarrassés de leurs éléments les plus tièdes, adoptent une marche plus dynamique et plus ferme.
Lors des élections à l'Assemblée législative, les Feuillants envoient aux sociétés affiliées une adresse sur le choix des futurs députés, qui doivent se signaler par le patriotisme, les « lumières » et les vertus. Lorsque l'Assemblée se réunit, près de quatre cents députés (sur 745) se font inscrire aux Feuillants. Décidés à appliquer strictement la Constitution de 1791, ils se refusent à amoindrir le pouvoir du roi, auquel ils font confiance. Mais ils sont loin de jouer le rôle politique dominant auquel ils prétendent. Ils sont souvent contraints d'accepter des initiatives inspirées par une gauche qui les manœuvre et les déborde. Par ailleurs, la cour, et singulièrement la reine, les hait autant qu'elle exècre les Jacobins et refuse de s'associer à eux pour freiner le cours de la Révolution. Enfin, la question de la guerre va les diviser profondément : aux « fayettistes » belliqueux (parmi lesquels Germaine de Staël et son amant Narbonne, ministre de la Guerre), qui espèrent se saisir du pouvoir à l'issue d'une aventure militaire, s'opposent, moins nombreux, les « lamethistes », qui pensent (à juste titre) que la guerre attisera l'incendie révolutionnaire. Leur nombre décroît en même temps que leur influence : dès décembre 1791, la société ne compte plus que trois cent trente-quatre députés (et de 800 à 900 autres membres) ; elle en rassemblera bien moins encore au printemps suivant.
L'Assemblée législative, arguant du fait que son comité de surveillance est installé dans l'enceinte des Feuillants, interdit à toute société de s'y réunir. Les Feuillants se transportent successivement à l'hôtel de Lusignan, à celui de Richelieu, à l'église du Cloître-Saint-Honoré. Ils n'ont plus qu'une activité réduite et disparaissent pratiquement après la journée du 10 août 1792.
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
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