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KLUCKHOHN CLYDE KAY MABEN (1905-1960)

Sans doute un des plus grands parmi les anthropologues américains de ce siècle, Kluckhohn exerça une influence considérable sur les sciences sociales anglo-saxonnes. Pendant toute sa vie, il étudia en ethnographe les Indiens Navajo. Il tenta, à partir de ces recherches, d'élaborer une théorie de la culture, surtout dans le domaine des modèles culturels (patterns) et des valeurs. Il fut aussi un enseignant prestigieux et un animateur de recherche dynamique qui forma plusieurs générations de chercheurs, d'abord à l'université du Nouveau-Mexique (1932-1934), puis à Harvard, où il passa ensuite la totalité de sa vie académique (1935-1960). Enfin, il fut fréquemment consulté par les instances nationales et internationales dans le domaine de l'anthropologie appliquée. Ses activités s'étendirent aussi, entre autres, à la psychanalyse, à la psychologie, à la linguistique, à l'archéologie et à la génétique humaine. Ses deux plus grands titres de gloire demeurent, cependant, d'une part ses contributions fondamentales à l'étude des Navajo et d'autre part son œuvre théorique autour du concept de culture.

C'est à l'âge de dix-sept ans qu'il apprit le navajo et commença à étudier les coutumes de ces Indiens du Nouveau-Mexique et de l'Arizona. Ses deux premiers livres (To the Foot of the Rainbow, 1927, et Beyond the Rainbow, 1933) popularisèrent auprès d'un vaste public la culture de ce peuple. C'est à partir de 1936 que commencèrent à paraître ses études les plus approfondies sur les cultures indiennes du sud-ouest des États-Unis. Avec son ami Leland C. Wyman, il publia deux solides monographies (Navaho Classification of Their Song Ceremonials, 1938, et An Introduction to the Navaho Chant Practice, 1940) et, seul, un de ses meilleurs livres, Navaho Witchcraft (1941), où il intègre à la fois la description ethnographique, la psychanalyse, la théorie de l'apprentissage et la théorie de la structure sociale. Plus tard, il écrivit, en collaboration avec Dorothea Leighton, The Navaho (1946) et Children of the People (1947). Enfin, il collabora à l'ouvrage de Leonard McCombe et de Evon Z. Vogt (Navaho Means People, 1951) et à celui de W. W. Hill et de Elisabeth Colson (Navaho Material Culture, 1961). On a pu regretter que Kluckhohn n'ait jamais donné la grande monographie fondamentale sur les Navajo que l'on était en droit d'attendre de lui, mais que sa mort prématurée l'a peut-être empêché de mener à bien.

Dès 1936, Kluckhohn développa les éléments d'une théorie de la culture qui le mit en vedette et le mena à la présidence, en 1947, de l'American Anthropological Association. Il exposa ses idées fondamentales, qui ne constituèrent jamais un système, dans son livre, Mirror for Man (1947), et dans une monographie écrite avec A. L. Kroeber, Culture : a Critical Review of Concepts and Definitions (1952). Ses apports originaux en cette matière concernent essentiellement la notion de « culture implicite » par opposition à « culture manifeste » ; par ailleurs, il s'attacha à l'analyse des « systèmes de valeurs ». Kluckhohn était préoccupé par l'existence de valeurs universelles présentes dans toutes les cultures connues et par le problème de leur comparaison.

Ses études de psychanalyse menées à Vienne et aussi aux États-Unis avec Abram Kardiner et Ralph Linton, à Columbia, et ses solides connaissances en psychologie du comportement et en biologie l'amenèrent à chercher les éléments d'universalité dans les cultures au niveau de la structure de la personnalité, en particulier dans la façon où elle se trouve influencée par le cadre de la parenté dans laquelle elle se développe. Il subira l'influence de Roman Jakobson et verra dans les phonèmes et les morphèmes des analogues des unités universelles de la[...]

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Écrit par

  • : assistant à l'U.E.R. des lettres et sciences humaines de l'université de Nice

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