CNES (Centre national d'études spatiales)
L'avènement du C.N.E.S.
Les lanceurs
Conscient de l'importance que prendraient les activités spatiales, le gouvernement français décide, le 19 décembre 1961, de créer le Centre national d'études spatiales, cette création devenant effective le 1er mars 1962. Sa mission est alors d'orienter et de développer les recherches nécessaires à la mise en œuvre de moyens spatiaux.
1962, première année de fonctionnement du C.N.E.S., est riche de décisions. Dès le 29 mars, la France signe avec cinq États européens (R.F.A., Belgique, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni) et l'Australie une convention créant le Conseil européen pour la mise au point et la construction de lanceurs d'engins spatiaux/European Launcher Development Organization (C.E.C.L.E.S./E.L.D.O.). La réalisation du satellite scientifique FR1 est aussi décidée ; celle-ci résulte d'une coopération avec le Goddard Space Flight Center de la N.A.S.A.
Le C.N.E.S. passe également commande au L.R.B.A. de dix fusées-sondes Vesta, extrapolation de Véronique équipée d'un moteur de 16 tonnes de poussée. C'est l'époque où la France peut s'enorgueillir de posséder une panoplie étendue de fusées-sondes, tant à ergols liquides qu'à propergol solide, pouvant être lancées à des altitudes variant entre 100 et 2 000 kilomètres. Hormis les fusées-sondes du L.R.B.A., on citera les véhicules Bélier, Centaure, Dragon, Dauphin et Éridan, à propulsion à poudre, de Sud-Aviation, les fusées Tacite et Titus de l'O.N.E.R.A. et Rubis de la Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques (S.E.R.E.B.). On trouve également les fusées météorologiques Aurore de la S.N.E.C.M.A., Lex à propulsion hybride de l'O.N.E.R.A. et Emma de Matra.
Avec les succès spatiaux des Américains et des Soviétiques, le problème de l'accession de la France au rang de puissance spatiale s'est posé dès 1960-1961. Cela impliquait la mise en orbite d'un satellite, donc la possession d'un lanceur national.
Parallèlement à l'espace civil, des études pour la réalisation de missiles balistiques étaient menées depuis 1959. La France, qui, là aussi, avait tout à concevoir, se lança dans un programme d'études balistiques de base destiné à acquérir les technologies de guidage, de propulsion et autres nécessaires à la mise sur pied d'une force de dissuasion nucléaire.
Aux États-Unis et en Union soviétique, on avait démontré qu'un missile balistique pouvait être transformé en lanceur spatial. Ainsi, le 18 décembre 1961, le Comité des recherches spatiales, qui avait été créé le 7 janvier 1959, décide la réalisation d'un lanceur qui prend le nom de Diamant A. Dans ce but, un accord est conclu, le 9 mai 1962, entre la Délégation ministérielle pour l'armement et le C.N.E.S. Diamant A sera un lanceur à trois étages dont le premier, équipé d'un moteur Vexin de 28 tonnes de poussée à acide nitrique et essence de térébenthine, a été conçu par le L.R.B.A. dans la lignée des moteurs de Véronique, alors que le deuxième et le troisième étage sont à poudre.
Le 26 novembre 1965, à 15 h 47 min, le premier lanceur français, Diamant A, décolle de la base Brigitte, à Hammaguir ; quelques minutes plus tard, le premier satellite français, Al « Astérix », de 42 kilogrammes, est placé sur une orbite de 527 kilomètres de périgée et de 1 768 kilomètres d'apogée, inclinée à 34,2 degrés. Ce succès sera suivi de trois autres, en 1966 et en 1967.
L'indépendance de l'Algérie, intervenue avec les accords d'Évian en 1962, contraint la France à fermer le champ de tir d'Hammaguir le 1er juillet 1967. Mais un autre champ de tir était né à Kourou, en Guyane, le 16 avril 1964. C'est du Centre spatial guyanais (C.S.G.) que décolle le premier Diamant B, le[...]
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Écrit par
- Jacques VILLAIN : membre de l'Académie de l'air et de l'espace et de l'International Academy of Astronautics, ancien président de l'Institut français d'histoire de l'espace
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