CNR (Conseil national de la Résistance)
Organisme chargé d'assurer en France et dans la clandestinité la coordination des mouvements de résistance, des maquis, de la presse, des syndicats et des représentants de partis politiques opposés à Vichy. La première réunion du C.N.R. eut lieu à Paris, rue du Four, le 27 mai 1943 sous la présidence de Jean Moulin. Celui-ci était le représentant du général de Gaulle depuis le 1er janvier 1942 ; il parvint à réunir des tendances divergentes et à faire reconnaître par la Résistance intérieure la légitimité de la Résistance de Londres. Le C.N.R. groupait des représentants des deux grandes centrales syndicales (C.G.T. et C.F.T.C.), de huit mouvements de la Résistance et six représentants des partis (dont le Parti communiste, la S.F.I.O., l'Alliance démocratique de Laniel, le courant démocrate-chrétien avec Bidault). Cette reconnaissance des partis au sein de la Résistance, qui ne les aimait pas toujours, ne fut pas sans importance au moment de la Libération et du reclassement des anciennes familles. Jean Moulin arrêté en juin 1943, ses fonctions sont confiées, séparément, à deux hommes. Un délégué général, Émile Bollaert, représente l'autorité issue du général de Gaulle ; le président du C.N.R., Georges Bidault, est l'élu des membres du Conseil. Mettant en application son « rôle consultatif » et son « action inspiratrice », le Conseil élabora en mars 1944 son « programme », véritable charte qui reflète bien l'esprit de rénovation sociale qui inspira la Résistance. La partie économique, particulièrement développée, vise à instaurer, par de profondes réformes de structure, une « véritable démocratie économique » et à abattre les « grands seigneurs féodaux de l'économie » ; elle annonce les nationalisations des grands secteurs de base (sources d'énergie, sous-sol, compagnies d'assurances, banques) et affirme la nécessité d'une économie dirigée et planifiée. Sur le plan social, elle préconise l'indépendance du syndicalisme et un régime général de sécurité sociale. La charte demandait une extension des droits politiques pour les indigènes des colonies, la démocratisation de l'enseignement permettant l'émergence d'une « élite véritable, non de naissance, mais de mérite » ; elle préconisait aussi des mesures d'épuration.
Bien que n'ayant jamais été en mesure de diriger effectivement la Résistance, le C.N.R. contribua, par son existence même, à assurer l'autorité du général de Gaulle, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. À la Libération, il essaya, sous l'influence des communistes, de provoquer la tenue d'états généraux des comités de libération, puis s'intégra à l'Assemblée consultative.
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Écrit par
- Armel MARIN : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression
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