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COCCEIUS ou COCCEJUS JOHANNES (1603-1669)

Théologien allemand qui développa les éléments d'une « théologie de l'Alliance ». Né à Brême, Johannes Koch ou Kochen, plus connu sous son nom latinisé de Coccejus, acquit au cours de ses études une connaissance remarquable des langues bibliques. Professeur de philologie dans sa ville natale, puis d'hébreu (1636) et de théologie (1643) à Franecker, aux Pays-Bas, il est nommé à Leyde en 1650. C'est là qu'il poursuit sa carrière, marquée par de nombreux conflits théologiques et ecclésiastiques, par exemple avec Hoornbeeck et Maresius : sur la signification du sabbat, sur l'unité de l'Ancien et du Nouveau Testament, sur le sens du pardon dans chacun des deux Testaments. Auteur de très nombreux travaux bibliques, il précise sa réflexion systématique dans deux ouvrages majeurs : Summa doctrinæ de fœdere et testamento Dei (1648, 2e éd. 1654) ; Summa theologiæ ex sacris scripturis repetita (1662). Il rédige aussi de nombreux écrits polémiques et philologiques : Duo Tituli thalmudici Sanhedrin et Maccoth (trad. et annot., 1629) ; Lexicon et commentarius sermonis hebraici et chaldaici (1669).

Au centre de la réflexion de Coccejus se trouve la notion d'Alliance : Dieu prend l'initiative d'entrer en relation avec les hommes, joignant une exigence à sa promesse. Cette relation, inconditionnellement inaugurée, cesse, du fait de l'homme, d'être réciproque ; et Dieu renouvelle l'Alliance. L'étude de la Bible conduit Coccejus à une lecture théologique de l'histoire humaine : l'alliance originelle des œuvres et de la nature est détruite par le péché d'Adam ; une décision divine la renouvelle sous la forme d'une alliance de grâce, qui englobe l'étape de la Loi, le « protévangile » introduisant l'Ancien Testament, qui lui-même anticipe le Nouveau. La révélation en Jésus-Christ, puis, après la mort et la résurrection des morts, l'accomplissement eschatologique couronnent l'histoire du salut et l'œuvre de Dieu.

En développant ce thème de l'Alliance, Coccejus a approfondi un aspect de la théologie des réformateurs des deux premières générations (par exemple, Zwingli, Melanchthon, Calvin, Bullinger ; les auteurs du catéchisme de Heidelberg, de la confession de Westminster) ; il a aussi ouvert une autre voie à côté de la rigidité et de l'abstraction de la théologie « orthodoxe » de l'époque. Sa pensée a été ainsi un élément constitutif des mouvements qui ont préparé le piétisme. Par la suite, les théologiens modernes qui se sont mis à réfléchir à « l'histoire du salut » ont eu à confronter leur démarche à celle de Coccejus.

— Bernard ROUSSEL

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Écrit par

  • : professeur à la faculté protestante de théologie de Strasbourg

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Autres références

  • PIÉTISME

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    • 2 445 mots
    ...xviie siècle (König, par exemple) s'acharnaient à prouver qu'Adam possédait une parfaite connaissance de la doctrine de la Trinité, Bengel et son école, à la suite deCocceius, mais beaucoup plus nettement que lui, insistèrent sur l'aspect historique et progressif de la révélation.