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CODE, linguistique

La langue n'est qu'une variété de code, soit un ensemble préarrangé de signaux. Les linguistes ont souvent exploité la ressemblance qu'il y avait entre tout processus de communication (y compris lorsque émetteur et/ou récepteur sont des machines) et le langage. Ainsi, on suppose l'existence d'une mémoire dans laquelle sont stockées toutes les formes auxquelles il est possible d'accéder lors de l'opération de l'encodage, appelée aussi production. Ce que sont exactement ces règles et ce programme d'accès à la mémoire, et notamment s'il s'agit d'engrammes innés, d'un apprentissage fondé sur des lois statistiques de probabilité, on ne le sait au juste et il est probable que toute réponse à cette question sera pour longtemps encore entachée de spéculation, car beaucoup trop de facteurs — culturel, affectif, biochimique — sont en jeu, et ils sont encore trop mal connus.

Quoi qu'il en soit, c'est du code que partent les instructions transmises physiologiquement à l'appareil moteur qui les réalisera (la phonation, les mimiques et le comportement gestuel). C'est de façon inverse, mais non symétrique, que se passe le décodage chez le récepteur, processus également appelé reconnaissance : les ondes transmises et transformées en signaux sont probablement confrontées avec ce qui existe de plus proche dans la mémoire et au besoin y prennent place. Il est bien évident que ce schéma n'est jamais réalisé de façon optimale, mais qu'il faut accorder une certaine importance au bruit, qui vient perturber la communication. C'est pourquoi le code est souvent invoqué à l'intérieur même du message, notamment dans les énoncés tautologiques, ce qui définit la fonction métalinguistique du langage (« un batracien anoure est un batracien privé d'appendice caudal », « l'appendice caudal est... », etc.).

Comme le message est avant tout destiné à véhiculer une information, il est inimaginable qu'un discours soit purement axé sur le code : il faut se rappeler du reste que chacun de ces deux concepts n'a d'existence que par rapport à l'autre, et que le code ne peut se concevoir que comme l'ensemble des conventions auxquelles se réfèrent les partenaires lors de la communication effectuée par le message. Saussure et Jakobson ont eu recours à cette opposition structurale, le premier en la dénommant langue/parole et pour souligner le caractère social, transindividuel de l'institution langagière (personne ne peut par sa volonté modifier les lois de fonctionnement de la communication, qui, pourtant, évoluent dans le temps), le second, d'une façon bien plus axée sur la théorie de la communication, pour mettre au jour les principes d'une « poétique » au sens large et même d'une grammaire. Pour lui, en effet, pas plus que pour un autre, il n'y a de linguistique particulière au code, mais il y a une formalisation possible des interférences du code dans le message, dont, par exemple, la théorie des embrayeurs (éléments non référenciés, comme je) et la substitution ou transfert grammatical le long de l'axe paradigmatique, source de métaphores, sont des illustrations.

— Robert SCTRICK

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