CODEX MAYAS
On ne connaissait que trois manuscrits pictographiques mayas. Les datations, les analyses physico-chimiques de matériaux, l’entomologie, les études iconographiques et stylistiques récemment effectuées au Mexique sont venues confirmer en 2018 l’authenticité d’un quatrième, le codex Grolier, désormais appelé CódiceMaya de México.
Les codex mayas sont des documents composés de feuilles de papier rectangulaires juxtaposées ou attachées, qui forment de longues bandes pliables en accordéon. Les feuilles étaient peintes recto verso. On lit donc le texte en continu, d’un côté, avant de retourner le manuscrit pour lire la suite. Les manuscrits conservés comportent essentiellement des almanachs, des calendriers, des tables de prédictions, presque toujours accompagnés de représentations de divinités et de créatures surnaturelles. Mais on y trouve aussi des allusions à la vie quotidienne, à l’agriculture et aux rituels.
De multiples supports d’écriture
L’évêque du Yucatán, Diego de Landa, fit brûler plusieurs manuscrits lors d’un autodafé en 1562. Encore convient-il de nuancer l’ampleur de ces destructions. On avance, sans chiffre précis, la destruction de centaines de codex. Mais Landa a peut-être aussi détruit des manuscrits coloniaux comme les Livres de ChilamBalam, puisque les Mayas ont commencé très tôt à transcrire leurs textes en caractères latins. Il ne faut pas minimiser l’importance de cette perte, mais rien ne permet d’évaluer le nombre de documents disparus ni leur nature. Seuls subsistaient donc trois codex, ceux de Dresde, de Paris et de Madrid, du nom des villes où ils sont conservés. Leur préservation est peut-être due à leur arrivée en Europe dès les premières années de la conquête espagnole. Peu avant le début de notre ère, bien avant les codex, les premiers textes apparaissent en Mésoamérique sur des supports de pierre. Les plus anciennes inscriptions proviennent de sites localisés dans l’aire d’influence de l’ancienne civilisation olmèque. La stèle de La Mojarra, plus tardive, porte un texte de 500 glyphes disposés en 21 colonnes. Sa complexité implique un développement antérieur de l’écriture, dont on ne connaît pas encore l’origine.
Les Mayas ont porté le système à un haut degré d’élaboration et laissé des milliers d’inscriptions, sur des stèles, des linteaux, des autels. L’escalier de Copán porte à lui seul un texte de 2 000 glyphes, ce qui en fait le document le plus long actuellement connu. L’écriture apparaît aussi sur d’autres supports : en 2012, des fouilles du site de Xultún (Petén) ont permis de mettre au jour une pièce dont les murs sont couverts de calculs astronomiques, de tables chronologiques. Il s’agit probablement de la résidence d’un prêtre astronome qui a transcrit ses observations sur un autre support que le papier. Cela suggère un usage encore limité des manuscrits. Sur des récipients céramiques, de petits objets portatifs en os ou en pierre fine, les inscriptions, moins officielles, désignent par exemple le propriétaire de l’objet. Cette écriture se différencie des inscriptions majeures par son aspect cursif, avec des glyphes aux formes plus rondes, un style que l’on retrouve dans les manuscrits pictographiques.
Le passage de la pierre au livre s’effectuerait au Postclassique (950-1521). Le papier provient de l’écorce d’un ficus (Ficus cotinifolia, Ficus padifolia), que l’on réduisait en pulpe, à l’aide de battoirs de pierre. On ajoutait à cette pulpe des liants, pour lui donner plus de résistance. Les feuilles ainsi obtenues étaient ensuite couvertes d’une fine couche de chaux qui servait de support aux inscriptions et aux images. La fabrication du papier remonte au moins au début de notre ère, et les battoirs qui servaient à le fabriquer ont été retrouvés dans l’ensemble de l’aire mésoaméricaine. Ainsi se pose la question de l’existence de manuscrits[...]
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Écrit par
- Éric TALADOIRE : professeur émérite des Universités
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Médias