CŒLACANTHES
Poissons marins de belle taille et d'aspect remarquable, les cœlacanthes ont été qualifiés de « fossiles vivants », car leurs ancêtres étaient déjà présents voici près de 400 millions d'années. Soixante ans après la découverte du premier cœlacanthe, une nouvelle espèce actuelle a été identifiée en 1998.
Découverte
Le premier spécimen de cœlacanthe fut pêché à la veille de Noël 1938, le long de la côte orientale de l'Afrique du Sud, non loin du petit port d'East London. L' ichtyologue J. L. B. Smith l'identifia comme un représentant actuel des Crossoptérygiens (ou poissons à « nageoires frangées ») de l'ordre des Cœlacanthes (ou poissons à « épines creuses »), réputé disparu depuis le Crétacé, il y a 70 millions d'années. Il le nomma Latimeria chalumnae, en hommage à Miss Courtenay Latimer, conservatrice du musée d'East London, qui le lui avait procuré, et en référence à la rivière Chalumna, à l'embouchure de laquelle il avait été capturé au chalut. L'annonce de cette prise suscita dans la presse un engouement extraordinaire et l'événement fut alors considéré comme une découverte majeure en matière d'histoire naturelle. En effet, les premiers cœlacanthes vivaient au Dévonien, il y a 380 millions d'années, avec d'autres Crossoptérygiens, les Rhipidistiens, considérés alors comme les ancêtres des vertébréstétrapodes. L'étude du cœlacanthe actuel pouvait permettre, pensait-on, d'éclairer l'une des étapes décisives de l'histoire des vertébrés : la sortie des eaux.
À partir de 1939, Smith tenta, pendant des années, de se procurer un second spécimen, car le premier était en fort mauvais état. Ce spécimen ne fut capturé qu'en 1952, dans l'île d'Anjouan (archipel des Comores), au nord du canal de Mozambique. Les vaines recherches de Smith le long des côtes d'Afrique australe amenèrent Jacques Millot à penser que le spécimen pêché à Anjouan révélait le territoire normal des cœlacanthes. Il suscita, en direction des pêcheurs comoriens, une campagne de sensibilisation qui ne tarda pas à porter ses fruits, car un troisième cœlacanthe fut capturé en septembre 1953 à Anjouan. Cinq autres spécimens allaient être pris en 1954 aux Comores (deux à Anjouan et trois le long des côtes de la Grande Comore), et les captures devaient se succéder les années suivantes dans ces deux îles, au rythme moyen de trois ou quatre par an. À partir de 1954, une étude détaillée de l'anatomie de ce poisson fut entreprise à Paris, au Laboratoire d'anatomie comparée du Muséum national d'histoire naturelle, par Jacques Millot et Jean Anthony. Elle aboutit à la publication de trois gros ouvrages édités par le C.N.R.S. en 1958, 1963 et 1978.
La nécessité de se procurer des spécimens frais pour des études de microscopie fine et des analyses biochimiques fut à l'origine d'une première expédition internationale (franco-anglo-américaine) aux Comores en 1972, suivie, en 1975, d'une expédition américaine. Les années 1980 ont vu se succéder de nombreuses expéditions scientifiques. À partir de 1987, Hans Fricke, du Max Planck Institut de Seewiesen (Allemagne), a entrepris d'étudier les cœlacanthes dans leur milieu naturel, grâce à l'utilisation d'un sous-marin de poche.
Notons enfin que l'aire de répartition des cœlacanthes, longtemps limitée aux Comores, s'est notablement étendue pendant les années 1990 : des spécimens isolés ont été en effet pêchés au Mozambique (1991), à Madagascar (1995) et, à des milliers de kilomètres de là, en Indonésie (1998). Les recherches en mer effectuées au début des années 2000 ont montré que Latimeria chalumnae se répartissait le long de la côte africaine orientale, de l'Afrique du Sud (25 observations répertoriées[...]
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Écrit par
- Daniel ROBINEAU : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
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