CŒLACANTHES
Anatomie et physiologie
Les cœlacanthes actuels sont des poissons de belle taille (elle est généralement comprise entre 1,20 m et 1,80 m), pesant de 25 à 80 kilogrammes. De couleur gris-bleu sombre parsemée de taches blanches irrégulièrement disposées, leur corps, de forme massive et revêtu de grosses écailles rugueuses, se termine par une nageoire caudale typique, composée d'un petit lobe axial médian, plus ou moins développé, encadré par deux grands lobes symétriques. À l'exception de la dorsale antérieure, les autres nageoires sont constituées par un fort pédoncule portant une frange de rayons dermiques. Comme chez tous les Crossoptérygiens, le neurocrâne se compose de deux parties réunies par une articulation permettant une mobilité appréciable de l'avant-crâne par rapport à l'arrière-crâne. Le squelette axial est formé, pour l'essentiel, par un long tube fibreux élastique s'étendant de la base de l'arrière-crâne à l'extrémité de la queue, et qui représente la corde dorsale embryonnaire. Le squelette des nageoires pédonculées comporte un axe d'articles cartilagineux disposés bout à bout ; des plaques cartilagineuses occupent l'extrémité, bordée par un éventail de rayons dermiques. Le cerveau de Latimeria chalumnae est remarquable par sa position et son volume. Il est en effet confiné dans l'arrière-crâne et n'occupe que le centième du volume de la cavité crânienne, remplie par un énorme amas graisseux. Ce phénomène, dû à la croissance allométrique (non proportionnelle à celle des autres parties du corps) de la cavité crânienne, a pour effet de soustraire cet organe aux perturbations mécaniques susceptibles d'être engendrées par le jeu de l'articulation intracrânienne. L'organisation cérébrale apparaît simple avec un développement harmonieux des différentes parties du cerveau, sans spécialisations foncières. Un volumineux organe sensoriel propre aux cœlacanthes, l'organe rostral, occupe une cavité médiane du museau ; sa fonction pourrait être la détection de faibles champs électriques. L'appareil digestif se caractérise par la possession d'un intestin spiral du type dit « en cylindres, ou en rouleaux ». À la paroi postérieure du rectum est annexée une glande rectale, de la forme et de la taille d'une grosse noisette, qui intervient dans la régulation du milieu intérieur, par élimination ionique. Les cœlacanthes respirent grâce à des branchies, au nombre de cinq paires, mais la surface respiratoire branchiale, très peu étendue, est l'une des plus faibles parmi les poissons. Ces poissons ont toutefois conservé un poumon dégénéré, ayant perdu toute fonction respiratoire, qui forme un long et volumineux boudin graisseux s'étendant dorsalement sur toute la longueur de la cavité abdominale. Les différentes cavités du cœur (sinus veineux, oreillette, ventricule, cône artériel) se succèdent d'arrière en avant de façon quasi linéaire et seule l'oreillette chevauche partiellement le ventricule. L'organe, qui conserve une symétrie bilatérale presque parfaite, matérialise sous nos yeux un stade très primitif de l'évolution cardiaque. Le système veineux se distingue, entre autres, par la présence d'une veine pulmonaire vestigiale et d'une veine cave typique qui draine la majeure partie du sang postcéphalique. Les reins, fusionnés, constituent un organe impair et médian reposant sur la paroi ventrale de la cavité abdominale en arrière de l'anus, disposition sans équivalent chez les vertébrés. Les appareils génitaux mâle et femelle ont un point commun : la dissymétrie de leurs gonades : testicule et ovaire droits sont en effet beaucoup plus développés et plus actifs que leurs homologues du côté gauche. Chez les mâles, des formations érectiles du cloaque et des nageoires pelviennes rendent possible une fécondation interne des ovocytes.[...]
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Écrit par
- Daniel ROBINEAU : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
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