CŒLACANTHES
Biologie et écologie
Latimeria chalumnae est ovovivipare : les embryons se développent en effet dans l'oviducte de la femelle et leur source principale de nourriture est constituée par les réserves contenues dans les œufs (ovocytes). Ces derniers atteignent une taille considérable (9 cm de diamètre) pour un poids qui varie de 300 à 345 g. Dix-neuf œufs de cette grosseur, de couleur rouge sombre, ont été trouvés dans la cavité abdominale d'une femelle de 163 cm de longueur capturée en 1972 lors de l'expédition franco-anglo-américaine aux Comores. Quelques années plus tard, en 1975, cinq petits cœlacanthes d'une trentaine de centimètres de longueur étaient découverts dans l'oviducte d'une femelle acquise par l'American Museum of Natural History. Tous étaient munis d'un sac vitellin encore volumineux appendu à la partie antérieure de l'abdomen. Plus récemment, une femelle de 179 cm de longueur, capturée sur les côtes du Mozambique, a fourni 26 juvéniles presque à terme (leur sac vitellin était, dans la plupart des cas, résorbé), mesurant de 31 à 36 cm de longueur. Le plus petit cœlacanthe connu, pêché en 1974, mesurait 42 cm pour un poids de 800 g. L'étude des stries d'accroissement des écailles (scalimétrie) a permis de déterminer l'âge de douze spécimens de collections du Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Le plus jeune individu (un embryon de la femelle des collections de l'American Museum) était âgé de moins d'un mois et le plus vieux (une femelle de 180 cm) de 10 ans et 11 mois.
Le long de la côte ouest de la Grande Comore, les cœlacanthes se trouvent pendant le jour dans des anfractuosités de la pente volcanique de l'île, entre 180 et 210 mètres de profondeur. Ils constituent de petits groupes dont le nombre d'individus varie, car les poissons quittent ces refuges provisoires la nuit pour chasser individuellement. La distribution bathymétrique dépend en premier lieu de la présence de ces abris et de l'abondance des proies : en dessous de 220 mètres, les cavernes sont moins nombreuses et les proies moins abondantes. Par ailleurs, la capacité respiratoire limitée des cœlacanthes leur interdit de fréquenter les eaux chaudes peu profondes. En 1990, se fondant sur le nombre d'individus observés en plongée, H. Fricke a estimé que la côte ouest de la Grande Comore était fréquentée par 210 individus. Si l'on se base sur le nombre d'abris susceptibles d'héberger des cœlacanthes pendant le jour, cette côte ne peut donner asile qu'à 520 individus au maximum. L'étude des contenus stomacaux et intestinaux d'un certain nombre de spécimens montre que les cœlacanthes consomment principalement des poissons de 10 à 20 cm de longueur qu'ils capturent, à la manière des mérous, par succion, grâce à une rapide expansion de la cavité bucco-pharyngienne. Mais des poissons plus gros, mesurant jusqu'à 50 cm de longueur, peuvent être ingérés, ainsi que de grosses crevettes et des céphalopodes.
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Écrit par
- Daniel ROBINEAU : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Médias
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