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CŒLACANTHES

Pêche et conservation

Tous les spécimens capturés aux Comores l'ont été par les pêcheurs locaux, qui utilisent des pirogues à balanciers et de longues lignes de coton tressé de 2 à 3 millimètres de diamètre, noircies et tannées à l'aide d'extraits végétaux. La ligne est lestée par une pierre, sommairement fixée par une boucle. Lorsqu'elle touche la pente volcanique, le pêcheur la libère d'un mouvement brusque et laisse dériver sa pirogue en même temps que la ligne. Le cœlacanthe ne mord que la nuit. La plupart des spécimens ont été pris à des profondeurs comprises entre 100 et 300 mètres, selon les estimations des pêcheurs, à une distance de la côte excédant rarement un kilomètre. En 1991, le nombre total de spécimens capturés aux Comores s'élevait à 171 (Grande Comore : 98, Anjouan : 41, localité inconnue : 32).

Les cœlacanthes comoriens pêchés actuellement ne sont que le sous-produit de la pêche côtière profonde qui recherche principalement le ruvet (un poisson de fond très gras apprécié localement). En effet, depuis 1989, l'espèce est totalement protégée et ne peut être légalement capturée, ou débarquée après capture accidentelle. Néanmoins, le nombre moyen de cœlacanthes pris par an de manière accidentelle, le long de la côte ouest de la Grande Comore, est passé de 2,2 dans la décennie 1980-1989, à 4,2 de 1990 à 1995. Par ailleurs, dans cette même zone, le nombre de spécimens observés dans les grottes a diminué de près de 30 p. 100 entre 1991 et 1994. H. Fricke et son équipe attribuent ce déclin de la population, qu'ils jugent alarmant, à une augmentation de la pression de pêche dans les eaux côtières.

Jusqu'en 1998, les Comores pouvaient être considérées comme le seul refuge des cœlacanthes, les quelques spécimens isolés, pêchés respectivement sur la côte africaine proche (Afrique du Sud, Mozambique) et Madagascar, pouvant être des individus erratiques issus de cette population unique. Les nombreuses observations faites plus tard le long de la côte africaine remettent en cause cette hypothèse et permettent au contraire de penser que les Comores furent sans doute colonisées à une époque relativement récente. En juillet 1998, la capture d'un cœlacanthe, sur la pente volcanique de la petite île de Manado-Tua, au nord de Sulawesi, en Indonésie, à plus de 10 000 kilomètres des Comores, a élargi considérablement l'aire de répartition des cœlacanthes actuels. Les pêcheurs locaux connaissent ce poisson, qu'ils nomment raja laut (« roi de la mer ») ou ikan raja laut (« poisson roi de la mer »), et qui semble rare. Il s'agit en fait d'une nouvelle espèce, Latimeria menadoensis (Pouyaud et al. 1999), se distinguant surtout de Latimeria chalumnae par son ADN mitochondrial. La séparation des deux espèces semble très ancienne : elle pourrait dater de l'époque où l'Inde entra en collision avec l'Eurasie, il y a 50 millions d'années.

— Daniel ROBINEAU

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Écrit par

  • : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris

Classification

Médias

Cœlacanthe : répartition - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cœlacanthe : répartition

Cœlacanthe - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cœlacanthe

Cœlacanthe : squelette et viscères - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cœlacanthe : squelette et viscères

Autres références

  • FOSSILES

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    • 5 808 mots
    • 1 média
    Dans le cas du cœlacanthe Latimeria découvert dès 1938-1939, au large de l'Afrique du Sud, puis récolté aux Comores par des missions françaises ultérieures, une étude approfondie a conduit à placer ce poisson dans le groupe de Crossoptérygiens, que l'on croyait éteint depuis le ...
  • SARCOPTÉRYGIENS

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  • TÉTRAPODES

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    ...Cependant, leur diversité passée était beaucoup plus importante, puisqu’ils ne sont plus représentés que par trois groupes dans la faune actuelle : les cœlacanthes, avec deux espèces du genre Latimeria vivant dans le canal du Mozambique et les côtes d’Indonésie ; les dipneustes avec six espèces...