CŒNOCYTE ou CÉNOCYTE ou SYNCYTIUM
Structure dérivée de la structure cellulaire et caractérisée par l'existence de noyaux plus ou moins nombreux au sein d'un cytoplasme indivis (absence de membrane plasmique). Synonymes de cœnocyte : syncytium, ou plasmode (ce dernier terme étant le plus souvent réservé aux cas des myxomycètes et des myxobactéries). Il suffit que la division des noyaux, constituant l'essentiel de la division cellulaire, ne soit pas suivie de la division des cytoplasmes pour que se forme un élément cellulaire à deux noyaux, puis à plusieurs noyaux, si le phénomène se reproduit. On rencontre une telle structure cœnocytique (à multiples « énergides »), par exemple, chez certains protozoaires flagellés, telles les opalines parasites des grenouilles (contenant plus de 100 noyaux par cellule, soit plus de 100 énergides), dans la plupart des organes des rotifères (animaux microscopiques des eaux ou de la mousse humide, caractérisés par un appareil rotateur), ou encore dans certains tissus des vertébrés, cellules hépatiques de mammifères, polycaryocytes de la moelle osseuse, fibres musculaires striées, placenta. Parmi les végétaux, les algues des genres Caulerpa, Vaucheria ou Cladophora ont un thalle à structure syncytiale ; quand un sporange se forme à partir d'un article défini du thalle, les diverses énergides qu'il renferme se séparent en zoospores uninucléées (cas de Cladophora), ou restent en une masse indivise, zoospore cœnocytique ou composée (cas de Vaucheria). De nombreux champignons inférieurs ont un thalle cœnocytique : Saprolegnia et genres voisins, le groupe des péronosporales, surtout parasites et comprenant les agents du mildiou de la vigne ou de la pomme de terre, les mucorales ou moisissures. Chez les gymnospermes, le prothalle ou gamétophyte femelle a souvent la structure d'un cœnocyte : par exemple, dans l'ovule de l'if, la cellule mère donne, après méiose, quatre tétraspores dont une seule grossit et se divise en donnant 8, 16, 32, 64 noyaux haploïdes, par divisions remarquablement synchrones, dans un cytoplasme continu ; la phase cœnocytique, temporaire, fait place, après cloisonnement de la masse du prothalle femelle, à une phase cellulaire, qui apparaît beaucoup plus tôt chez l'ovule du pin. Chez les angiospermes, les cellules de l'assise nourricière de l'anthère se présentent généralement en syncytium, et, d'autre part, l'évolution du sac embryonnaire (ou gamétophyte femelle réduit) passe avant cloisonnement par une phase à huit noyaux. Plus remarquablement encore : l'albumen de la graine dérive d'un noyau triploïde issu de la fécondation du noyau accessoire du sac embryonnaire ; ce noyau se divise très vite, et les divisions successives sont, ici encore, assez synchrones ; les noyaux fils se disposent à la périphérie du sac embryonnaire, ils forment une couche cœnocytique qui demeure longtemps, ou au contraire se cloisonne de la périphérie vers le centre, donnant alors un albumen à structure cellulaire. Parfois ce cloisonnement est incomplet, comme dans la noix de coco, à centre liquide (lait), et à partie externe cellulaire solide (coprah).
On a prétendu autrefois que la structure cœnocytique ouvrait une brèche dans la théorie cellulaire, selon laquelle tout être vivant est composé de cellules, et toute cellule provient d'une cellule préexistante. Les cœnocytes sont très limités dans le temps (certaines phases d'un cycle) et dans l'espace (certains organes), et apparaissent plutôt comme des cas particuliers de l'organisation cellulaire, où la formation des membranes serait suspendue.
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Écrit par
- Jacques DAUTA : assistant à l'université de Paris-VI
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