CŒUR Chirurgie cardiaque
La chirurgie à cœur fermé
Le nombre des opérations que l'on peut faire sans ouvrir le cœur est assez limité. On les classera sous trois rubriques.
Sur les gros vaisseaux de la base du cœur
Mis à part les anévrismes de l'aorte ascendante que l'on peut enlever et remplacer par une greffe, il s'agit surtout d'anomalies congénitales des deux gros troncs artériels naissant du cœur : l'aorte et l' artère pulmonaire. Ces deux troncs artériels sont dans le prolongement même du cœur et en font partie intégrante du point de vue embryologique. Diverses anomalies du développement du cœur chez l'embryon peuvent affecter ces troncs artériels.
Signalons, parmi celles-ci, la persistance du canal artériel, qui sur le fœtus joint l'aorte à l'artère pulmonaire. Normalement, ce canal se ferme spontanément dans les jours qui suivent la naissance. Sinon, il se produit une fuite du sang de l'aorte vers l'artère pulmonaire (les deux régimes de pression n'étant pas les mêmes). Cette fuite est dangereuse et doit être supprimée. Elle peut l'être par une opération chirurgicale qui lie ou sectionne le canal persistant, ce qui n'est pas sans danger, étant donné l'importance des deux vaisseaux ainsi disséqués. Il est envisagé maintenant de fermer le canal artériel par l'« intérieur » en montant à travers les vaisseaux et le cœur une sonde munie d'un obturateur.
La coarctation de l'aorte est un rétrécissement siégeant à environ vingt centimètres de l'origine cardiaque de l'aorte, juste en aval de la naissance des vaisseaux carotidiens destinés au cerveau. Ce rétrécissement est souvent tel qu'il admet à peine une allumette. C'est par cet orifice étroit que doit passer tout le sang destiné à la moitié inférieure du corps. Les conséquences en sont graves : hypertension en amont (c'est-à-dire dans le système artériel du cerveau et des deux membres supérieurs), hypotension et insuffisance circulatoire en aval (territoire de l'abdomen et des deux membres inférieurs).
Le grand mérite du chirurgien suédois Crafoord est d'avoir prouvé, en 1944, que ce segment rétréci de l'aorte pouvait être enlevé, puis l'aorte suturée, ce qui permettait de rétablir un calibre partout normal. Lorsque la sténose est trop longue pour permettre une suture directe, il faut cependant interposer un greffon (Potts).
L'anastomose de Blalock-Taussig porte aussi sur les gros vaisseaux de la base du cœur. Toutefois, elle ne s'attaque pas directement à une malformation, mais vise à en diminuer les conséquences pathologiques. Cette malformation est la tétralogie de Fallot, ou maladie bleue (blue baby disease). Comme son nom l'indique, elle associe quatre anomalies congénitales intracardiaques, obligeant une partie du sang « bleu » du ventricule droit à s'échapper vers l'aorte et non vers l'artère pulmonaire, sa voie d'évacuation normale. L'artère pulmonaire ne reçoit plus assez de sang et l'aorte en reçoit trop. De plus, ce sang aortique est désaturé, cest-à-dire insuffisamment oxygéné, d'où la teinte bleue des enfants atteints de cette malformation. L'idée de génie de Blalock et de Taussig (Baltimore, Maryland) fut de détourner une partie du sang de l'aorte pour l'envoyer dans l'artère pulmonaire, permettant à ce sang dérivé de se réoxygéner dans les poumons. Il ne s'agit là que d'une opération palliative, certes, mais qui eut un grand succès lors de sa découverte (en 1944). Elle a sauvé et sauve encore la vie de nombreux enfants autrefois condamnés, bien que la chirurgie à cœur ouvert offre aujourd'hui à cet égard de plus intéressantes perspectives.
Sur la surface du cœur
Le péricarde enveloppe complètement le cœur et le protège, mais certaines[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Claude d' ALLAINES : chirurgien des Hôpitaux de Paris, professeur à la faculté de médecine
- Christian CABROL : professeur honoraire de médecine
Classification
Média
Autres références
-
ADRÉNALINE
- Écrit par Jacques HANOUNE
- 3 565 mots
- 2 médias
Effets cardiovasculaires. Les effets cardiovasculaires de l'adrénaline résultent d'un mélange d'effets α et β-adrénergiques. On peut les étudier séparément en utilisant des agonistes spécifiques. La phényléphrine, agoniste α presque pur, augmente la pression artérielle systolique et diastolique, elle... -
ANGOR
- Écrit par François BOURNÉRIAS
- 224 mots
Un angor pectoris, ou angine de poitrine, est une manifestation clinique qui traduit une anoxie transitoire du muscle cardiaque.
Le diagnostic se fonde sur la nature des crises, que caractérisent des douleurs rétrosternales survenant typiquement à l'effort, brèves, constrictives....
-
ANTIANGOREUX
- Écrit par Dominique BIDET et Jean-Cyr GAIGNAULT
- 766 mots
Les médicaments qui appartiennent à plusieurs classes chimiques concourant, par des mécanismes parfois multiples, à s'opposer à la crise d'angor, ou angine de poitrine ou coronarite, sont appelés antiangoreux. La coronarite résulte d'une anoxie brutale et transitoire...
-
ANTIARYTHMIQUES
- Écrit par François LHOSTE
- 368 mots
Par définition, les médicaments antiarythmiques sont des substances susceptibles de prévenir ou de réduire un trouble du rythme cardiaque. Ces médicaments sont nombreux, leurs structures biochimiques très différentes, leurs classifications pharmacologiques diverses, mais tous se caractérisent...
- Afficher les 45 références