CAMPANA COLLECTION
Une importante collection d'antiquités a été rassemblée au début du xixe siècle par un Romain, le marquis Giampietro Campana. La passion de celui-ci pour les objets anciens était telle qu'il n'hésitait pas, profitant de ses fonctions de directeur du mont-de-piété de Rome, à puiser dans les caisses de l'établissement pour acheter des pièces ou pour financer les fouilles qu'il organisait, notamment à Cerveteri, sur le site de la ville étrusque de Caeré. Ces malversations lui valurent un procès et un emprisonnement, et sa collection fut saisie par l'État pontifical en 1857. Elle fut alors mise en vente et dispersée dans plusieurs pays (Russie, Grande-Bretagne, Belgique). Sur l'intervention personnelle de Napoléon III, la France en acquit la plus grande partie en 1861 qui constitue aujourd'hui encore l'essentiel du fonds de vases grecs et étrusques du Louvre. On en retrouve aussi des parties dans de très nombreuses villes de province : le choix avait été fait d'une politique culturelle consistant à ne pas réserver à la capitale le bénéfice de cette très riche collection, mais d'en faire profiter les différents départements. Si bien qu'aujourd'hui près d'une centaine de musées de province abritent des objets ayant appartenu à la collection réunie par le marquis.
L'intérêt pour l'archéologie dans l'Italie du XIXe siècle
La civilisation étrusque, qui s'était développée entre le viiie et le ier siècle avant J.-C. sur le territoire de l'actuelle Toscane, fut une des plus riches du monde antique : elle nous a laissé des milliers d'objets précieux, bijoux en or, céramiques ornées de peintures – souvent importées de Grèce –, statuettes et miroirs en bronze, sarcophages en albâtre, que les puissants aristocrates étrusques déposaient dans leurs tombes, étalant leur faste au-delà de la mort. Dès la Renaissance, avec le retour de l'intérêt pour l'Antiquité, on s'aperçut des trésors que recelait le sous-sol toscan. Les grands-ducs de Toscane, en particulier Côme Ier de Médicis, contribuèrent largement à ce lancement de l'archéologie, qui s'apparenta plus – au jugement des savants actuels – à un pillage en règle des nécropoles qu'à une étude véritablement scientifique... Néanmoins, c'est à cette époque qu'on découvrit des chefs-d'œuvre aussi remarquables que les grandes statues de bronze de La Chimère d'Arezzo et de l'Arringatore (le Harangueur) qui sont aujourd'hui encore les plus beaux fleurons du musée archéologique de Florence.
Après un ralentissement, les recherches reprirent, avec une ampleur inégalée, dans les premières décennies du xixe siècle. Des trouvailles sensationnelles étaient venues relancer l'intérêt pour les fouilles. À partir de 1825, on découvrit, en quantité, les peintures des tombes étrusques de Tarquinia, révélant un art resté presque ignoré jusque-là. On se mit à fouiller des nécropoles particulièrement riches en beaux vases attiques, comme celles de Vulci que Lucien Bonaparte, prince de Canino, se mit à explorer systématiquement à partir de 1828. On mit au jour des milliers d'objets. Ces découvertes donnèrent lieu à la formation de collections publiques : le Musée grégorien étrusque fut ouvert au Vatican en 1837. Elles poussèrent aussi à la formation de collections privées : le moindre notable voulut avoir sa collection d'antiques – ce qui entraîna le développement d'un commerce florissant.
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Écrit par
- Dominique BRIQUEL : professeur à l'université de Paris-Sorbonne (Paris-IV)
Classification
Média
Autres références
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TRÉSORS ANTIQUES. BIJOUX DE LA COLLECTION CAMPANA (exposition)
- Écrit par Claudette JOANNIS
- 940 mots