CAMPANA COLLECTION
La passion d'un collectionneur
C'est dans ce contexte qu'il faut replacer l'activité du marquis Campana et l'histoire de sa collection. Né en 1808 à Rome, Giampietro Campana (qui reçut plus tard du pape le titre de marquis) appartenait à une famille de la bourgeoisie aisée. Il exerçait les fonctions de directeur du mont-de-piété, ce qui lui conférait d'appréciables revenus. Il se mit avec passion à rassembler les antiquités (ainsi que, dans une moindre mesure, des objets d'art comme les tableaux de primitifs italiens ou les terres cuites de la Renaissance). Il amassa ainsi, entre 1829 environ, date à laquelle on commence à noter son activité archéologique, et 1857, date de son arrestation, une immense collection, entreposée dans les maisons qu'il possédait ou des salles qu'il louait tout exprès à Rome. Il avait notamment aménagé en musée une villa près de Saint-Jean-de-Latran, où était reconstituée, autour du fleuron de la collection qu'était le Sarcophage des époux de Cerveteri, aujourd'hui au Louvre, une « tombe étrusque » (en fait copiée sur le mausolée romain de Pomponius Hylas, sur la via Latina), pourvue de son décor peint et de tout son mobilier. Ce « musée Campana » eut l'insigne honneur d'être, à peine ouvert, visité par le pape Pie IX en 1846, événement mémorable que le marquis célébra par deux pompeuses inscriptions, en latin et en italien, gravées sur marbre.
Pour rassembler les objets de sa collection, le marquis faisait appel à de nombreux antiquaires, à Rome, mais aussi à Chiusi en Étrurie – ville où l'activité archéologique était en plein essor –, à Naples, à Venise. C'est pourquoi sa collection regroupait des pièces de provenances très diverses, y compris des objets de fouille trouvés en Grèce. Il se lança lui-même dans une activité de fouille. Selon la pratique de l'époque, il faisait travailler des équipes d'ouvriers, ainsi que des restaurateurs. Lorsque les pièces découvertes étaient détériorées, ces derniers leur donnaient un aspect jugé présentable – en n'hésitant pas à effectuer ce qui apparaît aujourd'hui comme des falsifications grossières. Le marquis organisa ainsi des fouilles en différents points de Rome et de ses environs immédiats, à Frascati, à Véies et surtout à Cerveteri, sur le site de l'antique Caeré, dont doit provenir une grande partie des pièces de sa collection : mais, là encore, tributaire des méthodes du temps, il n'a que très rarement enregistré l'origine des objets, privant ainsi de précieux renseignements les archéologues actuels, qui sont trop souvent dans l'incapacité d'attribuer à un site précis des pièces importantes.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Dominique BRIQUEL : professeur à l'université de Paris-Sorbonne (Paris-IV)
Classification
Média
Autres références
-
TRÉSORS ANTIQUES. BIJOUX DE LA COLLECTION CAMPANA (exposition)
- Écrit par Claudette JOANNIS
- 940 mots