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MOROZOV COLLECTION

<em>Portrait de Jeanne Samary</em>, A. Renoir - crédits : Sergio Anelli/ Electa/ Mondadori Portfolio/ Getty Images

Portrait de Jeanne Samary, A. Renoir

Ce que l’on nomme Collection Morozov recouvre deux collections qui furent distinctes en leur temps. Il s’agit de celle de Mikhaïl Morozov (1870-1903) et de celle de son frère Ivan (1871-1921). Dès le début des années 1890, ils achètent les œuvres de peintres et sculpteurs contemporains, notamment russes et français. Ils fréquentent pour beaucoup les mêmes cercles artistiques et leurs goûts se croisent souvent, ce qu’illustre parfaitement l’achat de deux portraits de Jeanne Samary par Renoir, chacun des frères en possédant une toile. Ces collections sont aujourd’hui principalement visibles dans trois musées russes : à Moscou, le musée Pouchkine et la galerie Tretiakov ; le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Sous le titre LaCollection Morozov. Icônes de l'art moderne (du 22 septembre 2021 au 22 février 2022), la fondation Louis-Vuitton a réuni plus de 200 œuvres appartenant aux deux collections. Cette exposition constitue le second volet d’un diptyque après la présentation de la collection Chtchoukine en 2016.

Comment les Morozov ont-ils constitué leurs collections ?

Issus d’une famille née dans le servage, les Morozov sont de puissants industriels dont la manufacture de textile prospère depuis les années 1830. Abram Morozov (1839-1882) hérite des filatures de coton de Tvier. De son mariage avec Varvara Khloudova (1848-1917) naîtront trois fils : Mikhaïl, Ivan et Arseni (1874-1908). Après le décès d’Abram, sa femme reprend la gestion des affaires et se consacre à de nombreuses activités caritatives qui lient la famille aux milieux littéraires et artistiques. À leur majorité, Mikhaïl et Ivan héritent donc d’une partie de la fortune paternelle et s’installent chacun dans un hôtel particulier du sud-ouest de Moscou. Mikhaïl fait des études d’histoire et de lettres, et publie plusieurs études historiques. Il compte beaucoup dans la vie artistique russe de son temps. Ivan, quant à lui, étudie à l’École supérieure polytechnique de Zurich et va reprendre la gestion des usines de Tvier. Il ne s’installera à Moscou qu’à la fin des années 1890. Les deux frères poursuivent tous deux les activités engagées par leur mère pour financer l’activité artistique. Ivan fait ainsi construire un théâtre pour les ouvriers de son usine. Quant à Mikhaïl, il subventionne une salle grecque dans le récent musée des Beaux-Arts de Moscou, désormais nommé Pouchkine, et qui abrite une partie des collections Morozov.

À la fin du xixe siècle, les frères se rendent souvent en Europe. Mikhaïl possède un appartement à Paris, Ivan fait des voyages fréquents et correspond abondamment pour se tenir informé des expositions. Il est un habitué des marchands parisiens (Ambroise Vollard, Paul Durand-Ruel notamment), et achète aussi directement auprès des artistes, y compris en leur passant commande.

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art, chercheuse invitée à l'Institut Warburg, Londres (Royaume-uni)

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<em>Portrait de Jeanne Samary</em>, A. Renoir - crédits : Sergio Anelli/ Electa/ Mondadori Portfolio/ Getty Images

Portrait de Jeanne Samary, A. Renoir

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    ...de la guerre russo-ukrainienne et relative à une éventuelle non-restitution par la France à la Russie – en dépit des règles d’insaisissabilité – de la collection Morozov, exposée à Paris par la fondation Louis-Vuitton, montre bien que des décennies d’accords internationaux sur le statut des biens culturels...