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COQUERET COLLÈGE DE

Fondé en 1418 sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris par Nicolas Coquerel ou Coqueret, le collège de Coqueret reste obscur jusqu'à ce que, à la rentrée de 1547, Jean Dorat y soit nommé professeur, et sans doute principal : il devient dès lors le berceau de ce qu'on appellera la Pléiade. Autour de Dorat sont rassemblés un grand nombre d'étudiants, et surtout un petit groupe d'internes, parmi lesquels Ronsard et Baïf, qu'il a amenés avec lui, puis Du Bellay qui vient bientôt les rejoindre. L'emploi du temps est celui des collèges de l'époque, dont la journée de Gargantua — pour les activités intellectuelles du moins — donne une image à peine outrée : si, de temps à autre, le maître emmène le groupe en banlieue (Ronsard nous a laissé le récit d'une « folastrissime » excursion à Arcueil), la quasi-totalité du jour et une partie de la nuit sont consacrées à l'étude (Baïf se lève quand Ronsard se couche, de sorte, nous dit le biographe de Ronsard, qu'« il ne laissoit refroidir la place »). Sous la direction de Dorat qui leur communique son enthousiasme, les jeunes gens, avides de science, acquièrent une maîtrise parfaite des langues anciennes et, par un contact direct et assidu avec les œuvres, une connaissance remarquablement étendue et précise des littératures latine et (fait beaucoup plus rare) grecque. Ils s'attachent surtout aux poètes, et lisent aussi avec passion Pétrarque et les modernes italiens ; déjà ils s'essaient eux-mêmes aux vers. C'est dans ce foyer de vie intellectuelle laborieuse et fervente qu'est mûrie Deffence et illustration de la langue françoyse ; c'est à Coqueret que se forme cette première « brigade », bientôt renforcée par quelques étudiants d'un collège voisin, d'où se détachera une pléiade de jeunes écrivains décidés à donner à la France une poésie digne des œuvres antiques et italiennes.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

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