COLOMBIE
Nom officiel | République de Colombie (CO) |
Chef de l'État et du gouvernement | Gustavo Petro (depuis le 7 août 2022) |
Capitale | Bogotá |
Langue officielle | Espagnol |
Unité monétaire | Peso colombien (COP) |
Population (estim.) |
52 848 000 (2024) |
Superficie |
1 141 748 km²
|
La Colombie après la Violencia
Depuis la chute du dictateur Gustavo Rojas Pinilla, ni l'État ni la société, fortement déstabilisés par la guerre civile du milieu du xxe siècle, ne parviennent à rétablir durablement l'ordre autour de valeurs partagées. Ce constat repose, d'une part, sur la rapidité et la brutalité des évolutions sociales, le pays passant d'une économie rurale traditionnelle à une société urbanisée, orientée vers les activités tertiaires, et, d'autre part, sur la faiblesse des institutions publiques pour accomplir leurs tâches régaliennes et leurs fonctions de redistribution. Paramilitaires, autodéfenses, guérillas, « narcos » et criminels de droit commun ont commencé à prospérer dans les années 1970 pour mener, aujourd'hui, une véritable guerre à la société colombienne.
Le Front national, une solution politique à la Violencia
L'accord signé le 24 juillet 1956, à Benidorm (Espagne), entre les libéraux et les conservateurs pour mettre fin au conflit partisan de la Violencia était paradoxal. En effet, le rétablissement de l'État de droit se fit au prix d'un compromis qui niait la souveraineté populaire. Il fut convenu qu'un président conservateur succéderait à un président libéral durant quatre mandatures (1958-1974). Les deux partis devaient simplement se mettre d'accord sur la personne « désignée », candidat unique qui serait ensuite présenté aux suffrages du peuple, lequel n'aurait d'autre choix que d'accepter le fait accompli. Chaque parti contrôlerait, en outre, la moitié des postes dans les administrations publiques, chaque gouvernement comporterait des membres des deux camps. Ce système, baptisé Front national (FN), inaugurait une longue période de cogestion partisane après des années de guerre civile entre libéraux et conservateurs.
Épuisée par la guerre, la population accepta ce compromis, avec une majorité écrasante (95,2 %), lors du référendum du 1er décembre 1957. Malgré les pronostics pessimistes, le principe de l'alternance fonctionna : aux libéraux Alberto Lleras Camargo (1958-1962) et Carlos Lleras Restrepo (1966-1970) succédèrent respectivement les conservateurs Guillermo León Valencia (1962-1966) et Misael Pastrana Borrero (1970-1974). Le succès provisoire de cette « démocratie restreinte » (expression du sociologue Daniel Pécaut) fut de garantir une paix relative dans le pays. Vers le milieu des années 1960, les dynamiques de la Violencia s'épuisaient. Le FN opéra, en ce sens, une synthèse des valeurs de la République libérale (1930-1946) et de celles de l'ordre conservateur (1948-1956) en favorisant la dépolitisation de la société. La promotion d'un gouvernement de technocrates devait neutraliser les passions politiques. Mais c'est surtout la modernisation urbaine et industrielle du pays qui permit de remettre en question les traditions marquées par l'autoritarisme et l'intolérance.
Du monde agraire à la prédominance urbaine
Le FN renforça un type d'autorité fondé sur le patronage et la cooptation clientéliste des secteurs populaires. Ces réseaux de pouvoir, souvent appuyés sur les liens familiaux, organisaient la sphère économique, notamment au sein des corporations patronales (Association nationale des chefs d'entreprise de Colombie, Association bancaire et d'organismes financiers de Colombie, etc.). Parallèlement, le développement de l'administration permit la lente modernisation de la puissance publique, toutefois largement instrumentalisée par les clans, qui accompagna les progrès de l'économie.
L'économie resta fondée sur l'agriculture, et notamment sur la production de café qui représentait encore 60 % des exportations au début des années 1970 (93 % dans la seconde moitié des années 1950). Les régions centrales de l'axe caféier, allant de l'Antioquia[...]
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Écrit par
- Marcel NIEDERGANG : journaliste
- Olivier PISSOAT : ingénieur d'études, C.N.R.S.
- Clément THIBAUD : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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