COLORANTS
Données économiques
L'industrie des matières colorantes est née en Angleterre en 1856, avec la découverte de Perkin. Ce jeune chimiste a réussi le tour de force de bâtir sa propre usine, de mettre au point les procédés de fabrication et d'application et de commercialiser son colorant dès 1857 ; il avait tout juste vingt ans !
Dès lors, de nombreuses entreprises se créèrent en France, en Suisse (fabrication de la fuchsine à Bâle) puis en Allemagne sous l'impulsion de chimistes, dont le professeur Hofmann. En outre, les travaux de recherches engagés par la Badische Anilin und Soda Fabrik (B.A.S.F.) conduisirent, en 1897, à la production de l'indigo synthétique. Le succès commercial qui suivit plaça l'Allemagne en tête des pays producteurs de colorants jusqu'au début de la Première Guerre mondiale. Les mesures de protection économique adoptées lors du traité de Versailles contribuèrent à relancer le développement des industries française et anglaise, alors que la Suisse continuait à prospérer grâce à des produits de haute qualité. De l'autre côté de l'Atlantique, les États-Unis créèrent une industrie performante mais principalement dirigée vers le marché intérieur.
Cette situation économique n'évolua que très peu, de sorte qu'en 1975 on retrouvait, parmi les principaux pays producteurs de colorants, les États-Unis, la république fédérale d'Allemagne, la Grande-Bretagne, la France ainsi que de nouveaux concurrents comme le Japon, l'U.R.S.S. et l'Italie. Mais le choix des plus importants fabricants américains de colorants (Kodak, Dupont...) d'abandonner cette industrie a, depuis lors, modifié ce paysage économique. On peut considérer que, vers le début des années quatre-vingt-dix, les pays d'Europe occidentale produisaient 40 p. 100 des besoins mondiaux en colorants pour les textiles, les pays à économie planifiée (U.R.S.S., Chine, pays de l'Est) 37 p. 100, le Japon 7 p. 100 ; le solde pouvant être attribué à des pays en voie de développement comme l'Inde, Formose, la Corée du Sud et l'Argentine. Le tableau 1 présente la répartition de la production mondiale et européenne (1988) des principales classes de colorants.
L'apparition d'importations de colorants à bas prix des pays asiatiques et des pays de l'Est est également un fait nouveau ; ce phénomène a principalement pour origine l'implantation croissante du secteur textile dans ces pays et, par conséquent, la création d'une industrie locale de matières colorantes. Son développement a été favorisé par une main-d'œuvre « à bon marché », par une législation peu contraignante en matière de préservation de l'environnement et par la chute de nombreux brevets de fabrication dans le domaine public, permettant ainsi d'économiser les frais de recherche. La prise de conscience dans le monde occidental des problèmes d'environnement et d'hygiène du travail n'a pas été sans conséquences ; outre l'épuration des eaux usées et le traitement des rejets solides, qui alourdissent les coûts de fabrication, on notera l'arrêt complet dans les pays industrialisés de la production des colorants dérivés de la benzidine, cette matière intermédiaire pouvant conduire à des cancers de la vessie.
L'évolution du marché des colorants est étroitement lié à leur emploi sur les différents types de fibres textiles. Ainsi, les colorants les plus utilisés pour la laine, sur le plan mondial, restent les chromatables, malgré les problèmes posés par les rejets de sels de chrome ; viennent ensuite les colorants acides et métallifères et, enfin, les réactifs, encore peu employés sur cette fibre. En ce qui concerne les fibres cellulosiques, l'évolution est plus marquante, car les proportions dans les différentes classes de colorants utilisés pour teindre le[...]
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Écrit par
- Daniel FUES : ingénieur chimiste responsable du laboratoire d'analyses chimiques à l'Institut textile de France, Centre de recherches textiles de Mulhouse
Classification
Médias
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