COLORIMÉTRIE
La colorimétrie, science de la mesure des couleurs, est une discipline métrologique faisant partie du domaine des sciences physiques appliquées. La mise au point, depuis 1980, d'appareils de mesures faciles d'emploi – colorimètres et spectrocolorimètres – a permis d'obtenir des mesures fiables qui ont remplacé les méthodes subjectives de comparaison des couleurs.
La reproduction des couleurs n'est pas une question nouvelle dans l'histoire des activités humaines. Les premiers textiles colorés, retrouvés dans des tombes de pharaons égyptiens, ont été datés d'environ 2 500 ans avant notre ère. La fabrication de fibres ou de textiles colorés a pendant longtemps été le fruit de savoirs soigneusement gardés. L'exactitude de la reproduction des couleurs était alors uniquement évaluée par comparaison visuelle, l'œil humain étant un très bon « comparateur ». Aussi, pendant des siècles, des échantillons de référence ont-ils servi à obtenir les couleurs désirées. Cette technique s'est particulièrement développée et perfectionnée dans les domaines de la peinture et de la teinture des textiles. Des catalogues, échantillonneurs ou nuanciers sont d'ailleurs toujours utilisés (décoration, automobile, etc.). Ils restent toutefois limités à des comparaisons subjectives dans la mesure où leur organisation est indépendante des paramètres fondamentaux de la perception des couleurs. Rappelons que la caractérisation d'une couleur passe par la définition de ses trois attributs principaux psychophysiologiques : la teinte, la saturation et la luminosité ou clarté (cf. couleur).
Plus rationnels que les catalogues, les « Atlas de couleurs » proposent une classification et une organisation en fonction des attributs de base de la couleur. Le premier connu est celui qui a été élaboré, en 1864, par le Français Michel Eugène Chevreul (1786-1889). En 1905, l'Américain Albert Henry Munsell (1858-1918) a créé un atlas perfectionné où les trois attributs de la couleur sont strictement représentés selon des incrémentations correspondant à la réponse de l'œil humain. Cet atlas reste encore utilisé sous une forme optimisée.
Au xxe siècle, les physiciens de la Commission internationale de l'éclairage (C.I.E.), fondée en 1931, ont élaboré, cette même année, un système colorimétrique à partir de trois primaires virtuelles (X, Y et Z) permettant de définir mathématiquement les attributs de toutes les couleurs du monde réel (cf. couleur). Ce système, construit dans un but scientifique, s'est rapidement retrouvé confronté aux nécessités pragmatiques des activités humaines où la reproduction fidèle des couleurs est devenue un enjeu essentiel. Les recherches se sont alors orientées vers une quantification des différences entre les couleurs, conforme à celle que perçoit l'œil humain. Ces études ont également eu pour but de déterminer les écarts de valeurs à l'intérieur desquels l'œil ne discerne pas de différence de couleur. Cette quête de l'outil « psychométrique » parfait n'est pas encore parachevée malgré les perfectionnements successifs obtenus à la fois par les travaux théoriques et la sophistication des appareils de mesures colorimétriques. Néanmoins, la colorimétrie moderne est devenue une composante incontournable dans la plupart des activités artistiques, industrielles et agroalimentaires.
La modernisation de la colorimétrie
Dans le système colorimétrique C.I.E. 1931, le diagramme Yxy, calculé à partir des composantes X, Y et Z, ne permet pas de quantifier de façon uniforme la perception des différences des couleurs par la vision humaine. En 1942, Deane Brewster Judd (1900-1972) et David L. MacAdam ont calculé, dans cet espace, les aires de confusion des couleurs. Ces études ont abouti à définir des zones de confusion colorimétriques[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard LEBLANC : professeur honoraire de sensitométrie, École nationale supérieure Louis-Lumière, Noisy-le-Grand
Classification
Médias
Autres références
-
COULEUR
- Écrit par Pierre FLEURY et Christian IMBERT
- 7 731 mots
- 21 médias
Longueur d'onde dominante et facteur de pureté sont des caractéristiques bien explicites d'une couleur, mais leur détermination directe est malheureusement assez incertaine. Aussi la colorimétrie fait-elle souvent appel à la méthode de synthèse trichrome, dont voici le principe. -
PHOTOGRAPHIE - Procédés argentiques
- Écrit par Jean-Paul GANDOLFO
- 9 996 mots
- 7 médias
...l'Écossais James Clerk Maxwell (1831-1879) y apporte une contribution physique en réalisant, pour la première fois, l'étalonnage complet du spectre. Ses travaux participent à la définition du concept moderne d'espace colorimétrique, permettant de qualifier avec précision les propriétés des couleurs.... -
PHOTOGRAPHIE - Procédés de prise de vue numérique
- Écrit par André CHABANETTE
- 6 054 mots
- 19 médias
La fonction de balance des blancs effectuera le réglage colorimétrique par le calcul du taux de chrominance (R et B) par rapport au taux de luminance (V) afin de respecter la balance chromatique et d'éviter une dominante colorée. Les capteurs sont plus sensibles que les films aux défauts d'illuminants... -
PHOTOGRAPHIE - Sensitométrie
- Écrit par Bernard LEBLANC
- 8 497 mots
- 4 médias
À partir de ces spectres seront calculées les coordonnées colorimétriques dans les espaces couleurs les plus courants, comme le CIE 1931 (Commission internationale de l'éclairage) ou le CIELAB (encore noté CIELa*b*, Commission internationale de l'éclairage, L pour luminance et a* et b* définissant les...