COLUMBIA, fleuve
Les barrages
Le cours du fleuve et de ses affluents a été passablement transformé au fil du temps. La rivière Okanagan a été canalisée et améliorée pour la navigation, tout comme le cours du Columbia en aval de Portland. Mais ce sont les nombreux barrages construits depuis la fin du xixe siècle qui ont entraîné les changements les plus notoires. On compte plus de 280 barrages dans le bassin du Columbia construits pour fournir de l’hydroélectricité et près de 200 autres pour l’irrigation et le contrôle des inondations. Quatorze barrages hydroélectriques se trouvent sur le cours principal. Le premier, celui de Rock Island, a été construit en 1933 et agrandi deux fois depuis lors. Mais ce sont les barrages de Bonneville et de Grand Coulee qui se sont avérés les projets d’ingénierie les plus ambitieux pour leur temps. Ce dernier est le plus grand producteur d'hydroélectricité aux États-Unis.
La Seconde Guerre mondiale et l’économie de guerre ont créé une forte hausse de la demande d’énergie, en particulier pour la production d’aluminium, un matériau essentiel dans la construction aéronautique. Ni le Canada ni les États-Unis ne pouvant aménager seuls le fleuve Columbia, ils se sont adressés en 1944 à la Commission mixte internationale (qui régit les eaux limitrophes entre les deux pays depuis 1909) pour qu’elle mène les études nécessaires au projet. En 1948, une inondation majeure, qui a tué plus de cinquante personnes, rayé de la carte Vanport, deuxième ville en importance de l’Oregon avec une forte population afro-américaine, et submergé des terres agricoles depuis la Colombie-Britannique jusque dans l’État de Washington, a fourni un argument supplémentaire en faveur de la construction de barrages sur le fleuve.
En 1961, le Canada et les États-Unis ont signé le traité du fleuve Columbia. Ce traité a mené à la construction de quatre nouveaux barrages entre 1967 et 1975, ce qui a doublé la capacité de stockage du bassin : les barrages Arrow (rebaptisé Hugh Keenleyside) et Mica, sur le cours principal du fleuve au Canada, et les barrages Duncan et Libby, sur la rivière Kootenay au Canada et aux États-Unis respectivement. En vertu de ce traité, c’est le Canada qui assume les coûts de construction des trois barrages situés sur son territoire. Le Canada en subira également les impacts environnementaux, alors que les États-Unis, en aval, récolteront les bénéfices de la production supplémentaire d’électricité. En échange, le traité prévoit une compensation (les « droits canadiens ») sous forme d’énergie pour le Canada. Au moment de la ratification du traité, le gouvernement de la Colombie-Britannique a vendu ces « droits canadiens » pour une période de trente ans à un consortium de compagnies d’électricité américain, pour l’aider à financer la construction des trois barrages canadiens prévue par le traité. Des négociations pour le renouvellement du traité sont en cours.
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Écrit par
- Liza PIPER : professeure agrégée, département d'histoire et d'études classiques de l'université de l'Alberta (Canada)
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