COLUMBUS, Ohio
Capitale de l’État de l’Ohio, la ville de Columbus est, avec 860 000 habitants (2016), la plus importante du Midwest après Chicago, même si son agglomération (2 041 000 habitants) ne se classe qu’en trente-troisième position à l’échelle nationale et derrière Cincinnati et Cleveland à l’échelle de l’État. La ville bénéficie de sa position de carrefour entre la mégalopole (BosWash) et Chicago pour développer un tissu économique diversifié ; elle est ainsi beaucoup moins touchée que ses voisines des Grands Lacs par la crise industrielle.
Fondée en 1812 sur décision de l’État fédéral qui cherche à doter l’Ohio d’une capitale située au centre géographique de l’État, Columbus, nommée en hommage à Christophe Colomb, remplace les capitales provisoires précédentes, Chillicothe puis Zanesville. Elle est édifiée au confluent des rivières Scioto et Olentangy, face à Franklinton, une petite ville existante à l’ouest de la rivière Scioto depuis 1797, qui est annexée en 1859 et constitue aujourd’hui le cœur historique de Columbus. La nouvelle capitale est dessinée selon un plan en damier classique et est rapidement colonisée par une population d’origine irlandaise au nord de la ville, et d’origine allemande au sud. Cette dernière installe les premières brasseries et fonde une université. La liaison avec le canal Ohio-Érié et l’arrivée de la route nationale reliant Baltimore, en 1831, entraînent un premier développement économique, et la population est multipliée par trois entre 1840 et 1850. À la fin du xixe siècle, Columbus, considérée comme la « capitale mondiale du chariot » (de nombreuses fabriques de chariots y sont implantées et fournissent tout le pays), accueille de nouvelles activités : mécanique, métallurgie, brasserie ; en tant que capitale, elle devient également le siège de nombreuses institutions médicales, syndicales et universitaires : l’Ohio State University (OSU) y est créée au nord de la ville, en 1870.
Malgré les fortes inondations de 1913, la ville poursuit son développement et est relativement épargnée par la grande dépression des années 1930 grâce à ses multiples secteurs économiques. Ceux-ci sont encore renforcés, à partir de la Seconde Guerre mondiale, par l’installation d’industries liées à l’aéronautique et, dans la foulée, à la défense nationale. Contrairement à de nombreuses villes, Columbus décide d’annexer les territoires situés en banlieue, en forte croissance depuis la démocratisation de l’automobile et la construction des grandes autoroutes nationales qui la desservent. De 1950 à 2000, la superficie de Columbus est ainsi multipliée par cinq, la population par deux, ce qui lui permet de conserver une assise financière solide et de limiter la crise des centres-villes qui touche la plupart des grandes cités américaines. Mais, ici comme ailleurs, la ségrégation sépare la population afro-américaine, installée dans les quartiers de l’inner city autour de Downtown, et les populations blanches établies dans les banlieues.
Forte de la présence d’institutions gouvernementales et d’universités prestigieuses, à l’instar de l’OSU, l’une des plus importantes du pays, Columbus bénéficie aujourd’hui d’un large éventail d’activités, qui va des services financiers, à l’aéronautique, la défense et la recherche médicale. Comme de nombreuses villes américaines, elle utilise son passé et reconvertit ses anciens quartiers centraux : réhabilitation de l’Arena District, sur le bord de la rivière Scioto, en remplacement d’entrepôts industriels et d’un ancien pénitencier ; gentrification du German Village par la mise en valeur de ses origines allemandes dans un quartier dédié aux loisirs ; aménagement d’un système de parcs autour des rivières, intégrant l’un des plus grands zoos du pays. Elle est ainsi l’une des rares villes de la région des Grands Lacs à connaître une croissance[...]
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Écrit par
- Laurent VERMEERSCH : docteur en géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Médias