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COMBAT AVEC L'ANGE

Le livre de la Genèse (xxxii, 23-33) a conservé le récit d'un combat singulier entre le patriarche Jacob et un être mystérieux qui se révéla comme étant Dieu sans toutefois se nommer expressément. Évoquant ce passage, Osée fait intervenir un ange (« il lutta avec l'ange et eut le dessus », xii, 4 ; le tableau de Delacroix à l'église Saint-Sulpice de Paris reflète cette interprétation « ange »). Le texte de la Genèse appartient au genre des récits tests, qui narrent des épreuves imposées aux grands ancêtres d'Israël dont les actions seront décisives pour l'avenir du peuple élu, tels Abraham, forcé à sacrifier son fils (Gen., xxii) et Moïse, assailli par Yahvé qui « tenta de le faire mourir » (Exode, iv, 24). Mais il contient surtout plusieurs étymologies marquantes. Tout d'abord, on y utilise une vieille histoire pour expliquer un nom de lieu, Penuel ou Peniel (ce nom qui reparaît dans les Juges, viii, et dans le Ier Livre des Rois, xii, signifie « face de Dieu » ; ce qui conduit à l'explication : « car j'ai vu Élohim face à face », Genèse, xxxii, 31). Derrière cette légende, comme derrière bien d'autres qui concernent Jacob, on peut deviner le fonds de vieilles traditions qui décrivaient originairement ce patriarche comme un demi-dieu, un héros à la force surhumaine, l'ancêtre tribal typique dont on chantait l'habileté et la force à déjouer ses ennemis (dans le présent récit ces traits atteignent leur paroxysme). C'est comme tel qu'il figure aussi probablement dans les légendes cultuelles attachées aux sanctuaires de Béthel, Sichem et, comme ici, Penuel.

Mais surtout le récit de la Genèse apporte une explication du nom même d'Israël, qui fut imposé alors à Jacob (versets 28-29) selon le procédé de changement de nom courant dans l'histoire patriarcale (« On ne t'appellera plus Jacob, mais Israël, car tu as combattu — en hébreu, verbe sarah — contre Élohim » ; pour les noms d'Abraham et de Sarah, voir Gen., xvii, 5 et 15). Israël — en hébreu, Yisra-El, probablement : « Que Dieu se montre fort » — est ici rattaché au verbe hébraïque sarah, « combattre », et à une étymologie populaire qui le comprenait et le désignait par l'expression : « Il a combattu avec Dieu. »

— André PAUL

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