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COMBES (É.)

Émile Combes - crédits : ullstein bild/ Getty Images

Émile Combes

Le nom d’Émile Combes s’identifie avec les pratiques politiques qui, au début du xxe siècle, fondent la République laïque au moyen de l’anticléricalisme militant.

Né le 6 septembre 1835 dans une famille pauvre du Tarn (son père est tailleur d’habits), sixième de dix enfants, Émile Combes, encouragé par un cousin prêtre, voit son avenir dans une carrière ecclésiastique. Mais le supérieur du séminaire doute de sa vocation et le pousse vers d’autres voies. Il sera d’abord professeur dans une institution religieuse et devient en 1860 docteur en théologie, avec une thèse sur Saint-Thomas d’Aquin. La route de la prêtrise lui étant barrée, il investit les convictions spiritualistes qu’il conserve dans la franc-maçonnerie, et se lance dans des études de médecine. Son diplôme en poche, il s’installe en 1868 à Pons, en Charente-Inférieure.

Mais très vite, le virus de la politique s’empare du docteur Combes, archétype de ces petits notables de province qui constituent l’assise sociale du radicalisme au début de la IIIe République. Il deviendra successivement maire de Pons en 1876, conseiller général en 1879, sénateur en 1885. Cette forte implantation locale fait de Combes un des grands barons du radicalisme, qui n’est pas encore un parti constitué, mais une nébuleuse dont l’audience va croissant en ces dernières années du xixe siècle. Combes est l’un des bénéficiaires de cette poussée à gauche du « parti républicain ». Devenu une personnalité d’envergure nationale, il est élu en 1894 président du Sénat et accède pour la première fois l’année suivante au gouvernement comme ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement présidé par le radical Léon Bourgeois.

L’heure de Combes sonne véritablement avec les élections de 1902. Celles-ci font suite à la violente crise de l’affaire Dreyfus qui, depuis 1898, déchire le pays. Or le scrutin donne la majorité au Bloc des gauches rassemblant radicaux et socialistes qui se sont rangés dans le camp des dreyfusards, alors que les modérés, divisés, deviennent minoritaires. Le président de la République Émile Loubet appelle alors le sénateur Combes à former un gouvernement, soutenu au Parlement par une délégation des gauches dont le socialiste Jean Jaurès est l’animateur. Avec cet appui, le président du Conseil met en œuvre une politique militante contre la droite conservatrice et catholique, qu’on dénommera le « combisme », et dont l’aspect le plus spectaculaire est un anticléricalisme intransigeant. Il aboutit au rejet de presque toutes les autorisations demandées par les congrégations religieuses en vertu de la loi de juillet 1901 sur les associations et à l’expulsion de celles-ci, à la loi de juillet 1904 interdisant l’enseignement à tous les congréganistes qui entraîne la fermeture de 2 500 écoles religieuses, ainsi qu’à la rupture, le même mois, des relations diplomatiques avec le Saint-Siège. La voie est ainsi ouverte à la séparation des Églises et de l’État, que Combes ne souhaitait pas, préférant conserver le régime du concordat de 1801 qui lui permet d’exercer un contrôle sur les nominations épiscopales, mais que son successeur Maurice Rouvier mettra en œuvre.

Le combisme se marque aussi par une volonté d’épuration sévère de l’administration, de la magistrature et de l’armée, dont les adversaires du régime ou de la politique gouvernementale sont exclus ou contraints à la démission. Au demeurant, cette politique rigoureuse bénéficie du réel appui d’une partie de l’opinion, comme en témoignent les nombreux messages de soutien adressés au président du Conseil par les conseils municipaux et les conseils généraux.

Toutefois le combisme suscite un malaise certain au sein du Parlement. À l’automne de 1904, la révélation de l’ « affaire des fiches », c’est-à-dire de la constitution par le général André,[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris

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Émile Combes - crédits : ullstein bild/ Getty Images

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