COMÉDIE AMÉRICAINE, cinéma
La comédie musicale
Par définition, la comédie musicale n'apparaît qu'avec le son, même si le célèbre film de la Warner The Jazz Singer (Le Chanteur de Jazz, Alan Crossland, 1927) ne comporte que quelques chansons synchronisées avec l'image. Des spectacles comiques faciles entrecoupés de chants et de numéros musicaux existaient dès la seconde moitié du xixe siècle (The Black Crook, 1866) aux États-Unis. Ils évoluent bientôt vers un genre issu du vaudeville et de la revue, jouant sur le déploiement du spectacle. Broadway en devient le centre dès le début du siècle. C'est ainsi que The Broadway Melody ( Harry Beaumont, 1929), transposé directement de Broadway à Hollywood, marque en fait le vrai départ du genre. Très vite, dans les années 1929-1930, on assiste à un véritable raz-de-marée de films chantants et dansants. Dans un ensemble de comédies familiales simplement entrecoupées de moments musicaux, The Dance of Life de John Cromwell (1929) et Applause de Rouben Mamoulian (1929) font preuve d'une véritable inventivité. Très vite, les « studios » vont profiter du musical, genre qui nécessite par excellence la conjonction de talents divers, pour développer leur image. La Warner reprend l'initiative grâce à Busby Berkeley, dont la chorégraphie donne au spectacle musical sa spécificité cinématographique avec 42e Rue (Lloyd Bacon, 1933) et Les Chercheuses d'or de 1933 (Mervyn LeRoy). Cette firme développe en particulier la comédie de coulisses, qui fait alterner intrigues autour du spectacle et numéros musicaux souvent situés à Broadway. Quant à Busby Berkeley, il développe une chorégraphie toute personnelle fondée sur le nombre et les figures géométriques[Dames, Ray Enright, 1934 ; Babes in Arms (Place au rythme), Busby Berkeley, 1939]. La R.K.O. développe au contraire un style raffiné, voire sophistiqué (et nettement antigéométrique), dont Fred Astaire est l'emblème, avec ses partenaires, en particulier Ginger Rogers (La Joyeuse Divorcée, 1934, Top Hat, 1935, de Mark Sandrich). À La M.G.M., la comédie musicale ne constitue pas un genre parmi d'autres, mais bien la quintessence de l'esprit insufflé par Louis B. Mayer et Irving Thalberg, celui de la magnificence qui s'exprime dans la revue, dont le prototype apparaît dès le Hollywood Revue of 1929 (Charles F. Reisner), suivi des divers Broadway Melody (1929, 1936, 1940). Paramount, avec Paramount on Parade (1930) que prolongent les millésimes 1936, 1937 et 1938, suit la même voie avec moins de splendeur, et la Fox paraît factice avec ses New Fox Follies (1930) et autres George White's Scandals.
Contrairement à ce que laisserait supposer l'opérette filmée, apparue dès 1930 avec les films de Maurice Chevalier et Jeanette MacDonald (Parade d'amour, Ernst Lubitsch), et qui se prolonge jusqu'à la fin de la décennie (One Hour with You, E. Lubitsch, 1932 ; Love me Tonight, Rouben Mamoulian, 1932 ; La Veuve Joyeuse, E. Lubitsch, 1934), la comédie musicale n'est pas une annexe de la comédie américaine. Elle construit ses propres thèmes – en particulier celui de la troupe qui monte un spectacle qui s'achève triomphalement malgré les innombrables difficultés –, règles et figures. Elle développe en particulier un discours idéologique totalement autre. Du fait de la danse, le corps en est le centre. Et nombre de numéros musicaux jouent habilement sur le demi-dévoilement, où ce qui est caché se voit par là même désigné à l'imaginaire, sans oublier le voilé et le vaporeux. Au moins dans sa période classique des années 1940, dominées par des cinéastes tels que Vincente Minnelli[Meet me in St Louis (Le Chant du Missouri), 1944 ; Ziegfeld Follies, 1946 ; Le Pirate, 1948], Charles Walters, ancien chorégraphe et décorateur[Easter Parade (Parade de printemps), 1948 ; The Barkleys of Broadway[...]
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Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
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