Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COMÉDIE MUSICALE

1943-1964 : l'âge d'or du musical

En 1943, Richard Rodgers et Oscar Hammerstein, II offrent à la comédie musicale son premier grand succès populaire, Oklahoma !, créé le 31 mars au St. James Theatre de New York. Ancrée dans l'Amérique profonde, l'œuvre, qui restera plus de cinq années consécutives à l'affiche, mêle thèmes sentimentaux et historiques ; les ballets révolutionnaires de la chorégraphe Agnes De Mille ne sont plus simplement des interludes divertissants mais constituent des moments clés du récit. Seulement douze chansons sont composées ; néanmoins, leurs reprises avec de nouvelles paroles par d'autres personnages ajoutent de l'épaisseur à la narration.

La trame d'Oklahoma ! est typique de la dramaturgie des musicals : elle repose sur deux couples, l'un sérieux, l'autre comique, entourés par un acteur ethnique et un « méchant ». Le récit présente d'abord les personnages, complique les affaires entre les deux amoureux séparés, qui seront réunis après maints rebondissements.

Rodgers et Hammerstein vont par la suite créer une comédie musicale tous les deux ans, de Carousel (1945) à The Sound of Music (1959 ; en français, La Mélodie du bonheur), en passant par South Pacific (1949), qui ose mettre en scène les G.I. postés dans l'océan Pacifique à peine la Seconde Guerre mondiale terminée. Irving Berlin et Cole Porter écrivent chacun leur chef-d'œuvre musical intégré : Annie Get Your Gun (1946), fondé sur la vie d'une des légendes de l'Ouest américain, Annie Oakley, et Kiss Me, Kate (1948), adaptation de La Mégère apprivoisée de Shakespeare.

Julie Andrews et Rex Harrison dans <it>My Fair Lady</it> - crédits : Broadway Musical/ D.R.

Julie Andrews et Rex Harrison dans My Fair Lady

Une nouvelle génération de compositeurs apparaît avec Jule Styne (Gentlemen Prefer Blondes, 1949 – Les hommes préfèrent les blondes) et Frank Loesser (Guys and Dolls, 1950), tous deux issus de Hollywood, Jerry Ross et Richard Adler (The Pajama Game, 1954), et, dans la lignée plus romantique de l'opérette, Frederick Loewe et Alan Jay Lerner (Brigadoon, 1947 ; My Fair Lady, 1956).

Kurt Weill investit également cette forme purement américaine. Après Bertolt Brecht, ses librettistes se nomment Moss Hart, Ira Gershwin, Maxwell Anderson. Les thèmes de ses comédies musicales sont ambitieux : psychanalytique, comme dans Lady in the Dark (1941), onirique comme dans One Touch of Venus (1943), ou opératique comme dans Street Scene (1947), situé dans les rues de New York, qui anticipe West Side Story.

<it>West Side Story</it> à l'Orpheum Theatre de San Francisco en 2010 - crédits : SHNSF

West Side Story à l'Orpheum Theatre de San Francisco en 2010

Leonard Bernstein est l'autre successeur de George Gershwin. Diplômé de Harvard, il oscille entre salles de concert, où il dirige brillamment des orchestres, et théâtres de Broadway, entre la composition d'opéras et celle de comédies musicales. Après On the Town (1944), aux sonorités jazzy, écrit à l'âge de vingt-six ans, il compose, parfois en dilettante, Peter Pan (1950), Wonderful Town (1953), Candide (1956), avant son chef-d'œuvre emprunt de jazz et d'harmonies complexes, West Side Story, créé au Winter Garden Theatre de Broadway le 26 septembre 1957.

Le chorégraphe prend une place grandissante dans le processus de création. Jerome Robbins cumule ainsi les fonctions de chorégraphe et de metteur en scène de West Side Story : il n'hésite pas à procéder à des coupes dans le livret et les chansons pour démarrer le spectacle sur une chorégraphie des Jets qu'il juge plus efficace, et à le clore par un instrumental où les acteurs restent atones d'émotion. Il s'écarte des chorégraphies de groupes en dotant chaque acteur d'une façon personnelle de bouger. Les méthodes du metteur en scène demeurent mémorables : il recrée la tension entre bandes hors de la scène en empêchant les acteurs de se retrouver.

Au début des années 1960, certaines productions musicales préfèrent l'intimité des petites salles. The Fantasticks de Harvey Schmidt et Tom Jones, inspiré[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

<it>Show Boat</it> de Jerome Kern et Oscar Hammerstein, II - crédits : M. Arnesson/ Theâtre de la Ville/ D.R.

Show Boat de Jerome Kern et Oscar Hammerstein, II

Julie Andrews et Rex Harrison dans <it>My Fair Lady</it> - crédits : Broadway Musical/ D.R.

Julie Andrews et Rex Harrison dans My Fair Lady

<it>West Side Story</it> à l'Orpheum Theatre de San Francisco en 2010 - crédits : SHNSF

West Side Story à l'Orpheum Theatre de San Francisco en 2010

Autres références

  • ANDREWS JULIE (1935- )

    • Écrit par
    • 801 mots

    Actrice anglaise, grande vedette des comédies musicales, née le 1er octobre 1935 à Walton on Thames, dans le Surrey.

    À 10 ans, Julia Elizabeth Wells, dite Julie Andrews, commence à accompagner à la voix son beau-père chanteur (dont elle a pris le patronyme) et sa mère pianiste. Pourvue d'une voix...

  • ARLEN HAROLD (1905-1986)

    • Écrit par
    • 367 mots

    Compositeur, arrangeur, pianiste et chanteur américain. Auteur de chansons aussi connues que Over the Rainbow, Blues in the Night, Come Rain or Come Shine, I Love a Parade ou Stormy Weather pour des films de Hollywood et des comédies musicales de Broadway, Arlen a été particulièrement prolifique de...

  • ASTAIRE FRED (1899-1987)

    • Écrit par
    • 1 123 mots
    • 4 médias

    Fred Astaire, de son vrai nom Frederick Austerlitz, est né le 10 mai 1899 à Ohama (Nebraska, États-Unis). Il est surtout célèbre pour les grandes comédies musicales dont il partage la vedette avec Ginger Rogers. Beaucoup voient en lui le meilleur danseur de musique populaire de tous les temps....

  • BACHARACH BURT (1928-2023)

    • Écrit par
    • 775 mots
    • 1 média

    Le compositeur et pianiste américain Burt Bacharach est l’auteur de nombreux classiques de la musique populaire, créés principalement au cours des années 1960 et qui sont autant d’exemples d’une fusion parfaite entre exigence artistique et ambition commerciale. Il composa également pour le musical...

  • Afficher les 36 références