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COMÉDIES BARBARES, Ramón del Valle-Inclán Fiche de lecture

La fin d'un monde

Despotique, cynique, lascif, grandiose dans tous ses excès, la figure du hobereau Don Juan Manuel Montenegro domine les situations : il ordonne, il fascine, il effraye, il méprise : « Je suis un lion, je suis un tigre. » On le craint, mais ses serviteurs le vénèrent. À son côté, les femmes ne manquent pas de relief, telle Doña María à l'âme « grande et folle », sublime dans sa générosité, ou Sabelita, victime humiliée et séduite.

Représentation allégorique, écrite dans une langue flamboyante, d'une société révolue, Comédies barbares est à la fois une exaltation admirative d'une forme de noblesse qui disparaît et l'annonce désabusée d'une nouvelle époque. « J'ai assisté au changement d'une société de castes, écrivait l'auteur, et ce que j'ai vu personne ne le verra plus. Je suis l'historien d'un monde qui s'est achevé avec moi. Plus personne ne verra jamais ces hobereaux et ces héritiers de majorats. Or dans ce monde que je présente de clercs, de mendiants, de greffiers, de prostituées et de proxénètes, les meilleurs – avec tous leurs vices – étaient les hidalgos, aujourd'hui disparus. » C'est par cette peinture d'un monde révolu que Valle-Inclán se rattache à la génération de 98, celle d'auteurs tels que Machado ou Unamuno qui, après le désastre colonial de l'Espagne en 1898, prirent conscience de la fin d’un certain âge d'or et de la nécessité pour le pays de retrouver des forces vives.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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