COMÉDIES MUSICALES. LA JOIE DE VIVRE AU CINÉMA (exposition)
Les expositions sur le cinéma se multiplient. On peut s’en réjouir quand on voit que le peintre Auguste Renoir et le cinéaste Jean Renoir sont célébrés sur un pied d’égalité au musée d’Orsay : ici, ce ne sont pas deux membres d’une même famille qui sont ainsi associés, mais deux artistes travaillant dans des disciplines différentes (Renoir père et fils.Peinture et cinéma). À ce signe, on voit que la condescendance, qui a longtemps pesé sur les hommes de cinéma, s’est progressivement résorbée. Un autre signe, tout aussi réjouissant, l’exposition intitulée Comédies musicales. La joie de vivre du cinéma à la Philharmonie de Paris (19 octobre 2018-27 janvier 2019).
De Broadway à Bollywood
Acceptons l’expression populaire de « comédie musicale » tout en sachant qu’elle désigne ici des films qui ne sont pas toujours, loin de là, des comédies. Le commissaire de l’exposition, N. T. Binh, prend soin de le préciser lui-même dans l’introduction du catalogue (éditions de la Martinière, 2018). Il est l’un des grands connaisseurs français du genre, tant au théâtre qu’au cinéma. C’est donc tout naturellement qu’il fait voisiner la pure explosion de joie de Gene Kelly sous la pluie (Chantons sous la pluie[Singin’in the Rain], Gene Kelly-Stanley Donen, 1952) avec la vitalité plus impétueuse des gangs urbains new-yorkais (West Side Story, Robert Wise-Jerome Robbins, 1961). De plus, s’il était inévitable que la part fût belle pour le cinéma américain, l’exposition et son catalogue ne manquent pas de souligner que chaque cinématographie peut se prévaloir de sa propre forme de film musical. Dans l’exposition, des équipements sonores proposent au visiteur une interaction qui le conduit à l’écart des sentiers battus : un florilège d’images et de rythmes irrésistibles permet de voir défiler l’Égyptienne Samia Gamal, LesJoyeux Garçons soviétiques (Grigori Alexandrov, 1934) et, bien sûr, les ors, les turquoises et les vermillons éblouissants de Bollywood (le fabuleux duo dansé par Aishwarya Rai et Madhuri Dixit dans la version que donne Sanjay Leela Bhansali de Devdas, 2002). Trop souvent, les expositions sur le cinéma se calquent sur celles qui sont consacrées à d’autres formes d’expression artistique. Pour Comédies musicales, pas de bibelot ou de manuscrit, tout juste la robe couleur du temps et la dépouille de Peau d’âne (Jacques Demy, 1970). N. T. Binh et Pierre Giner, directeur artistique de l’exposition, ont privilégié l’image, c’est-à-dire l’extrait de film, la restituant chaque fois que cela était possible à ses amples dimensions cinématographiques. Cette belle idée permet de jouer avec les limites que l’espace d’exposition de la Philharmonie de Paris pouvait imposer.
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Écrit par
- Christian VIVIANI
: historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue
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Médias