COMÈTES
En 1950, l’astronome américain Fred Whipple fut l’un des premiers à comprendre qui étaient ces voyageuses capables d’illuminer le ciel nocturne de leur vaste chevelure. En des termes inversement proportionnels à leur beauté, il les décrivit comme des « boules de neige sale ». D’après ce modèle, la matière glacée qui compose les comètes passe directement de l’état solide à l’état gazeux en s’approchant du Soleil et se disperse sur des milliers, voire des millions de kilomètres, sous l’effet du vent solaire.
Si leur apparition était autrefois considérée comme un bon ou – plus souvent – comme un mauvais présage, leur étude s'est révélée primordiale pour comprendre les origines et la formation du système solaire, dont elles sont, avec les astéroïdes, les vestiges les plus anciens. Depuis le modèle élaboré par Fred Whipple dans les années 1950, la connaissance scientifique des comètes a progressé à pas de géants, non seulement grâce aux observations au sol, mais aussi grâce aux missions spatiales.
Histoire et dénomination
Sur les quelque 5 400 comètes détectées jusqu'à aujourd'hui, celle de Halley restera sans doute la plus marquante de l'histoire. Recensée pour la première fois dans des chroniques chinoises en l'an 239 avant J.-C., elle apparut de nouveau en 1066, ce qui fut interprété par Guillaume le Conquérant comme un bon présage pour envahir l'Angleterre. Elle est d'ailleurs représentée sur la tapisserie de Bayeux. Au xviie siècle, après avoir croisé des données historiques relatives aux comètes, Sir Edmund Halley conclut que celle apparue en 1531, 1607 et 1682 reviendrait en 1758. Il mourut avant de voir sa prédiction réalisée, et son nom fut donné à l'objet, dont on sait grâce à lui qu'il revient tous les 75-76 ans.
Aujourd’hui, la façon de désigner les comètes a changé : le découvreur n'a plus tout à fait l'apanage de sa découverte, hormis dans le langage courant. Depuis 1995, l'Union astronomique internationale (International Astronomical Union, IAU) a mis au point un système d'immatriculation précis. Tout d'abord, les comètes portent un préfixe : C/ pour les comètes de période supérieure à 200 ans ; P/ pour les comètes à courte période (moins de 200 ans, ou dont on a observé plusieurs retours de façon sûre) ; plus rarement, X/ pour les comètes pour lesquelles l’orbite n'a pu être déterminée, et D/ pour les comètes disparues. Suivent l'année, une lettre majuscule identifiant le demi-mois de la découverte, puis un nombre indiquant l'ordre de la découverte dans ce demi-mois. Enfin, le ou les noms (deux au maximum) du ou des découvreurs sont optionnellement ajoutés pour respecter la tradition.
Par exemple, la deuxième comète découverte dans la seconde partie du mois de mars 1993 par Eugene et Carolyn Shoemaker, ainsi que David Levy, a été immatriculée D/1993 F2 (Shoemaker-Levy). C'est la neuvième qui porte leur nom, et celle-ci a pour particularité d’avoir été capturée par la planète Jupiter, autour de laquelle elle a tourné en s’en rapprochant depuis les années 1970. Un passage à moins de 50 000 kilomètres de la surface en 1992 l'a même disloquée en une vingtaine de fragments étincelants, qui ont fini par s'écraser sur la planète entre le 16 et le 22 juillet 1994, devant les caméras de la sonde Galileo. Pour les astronomes, ce fut un événement historique.
La comète C/1995 O1, repérée par deux astronomes amateurs américains, Alan Hale et Thomas Bopp, a surpris les scientifiques en raison de son importante activité. Elle a atteint la magnitude 11 à 7,15 unités astronomiques (ua), soit à plus d'un milliard de kilomètres du Soleil. À une telle distance, rares sont les astres aussi brillants. Le télescope Hubble a estimé la taille de son noyau à une quarantaine[...]
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Écrit par
- Myriam DÉTRUY : journaliste scientifique
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