COMMERCE
Selon la maxime empruntée à l'auteur latin de théâtre Plaute (254-184 av. J.-C.), « la bonne marchandise trouve facilement un acheteur » (Proba merx facile emptorem reperit). Sont ici exprimées deux conditions indispensables à la relation d'échange : avoir quelque chose à échanger et trouver un partenaire pour l'échange. Il en est une troisième qui confère au commerce sa raison d'être : le gain que l'échange permet de réaliser par rapport à une situation autarcique (sans échange). Le commerce implique, en général, un rapport financier de vente et d'achat, et donc l'utilité d'avoir une monnaie (étalon de valeur, moyen de paiement et intermédiaire des échanges) plutôt que d'échanger sous forme de troc. Dans le commerce entre les nations, la monnaie permet de se libérer des contraintes d'un échange exclusivement bilatéral ; on pourra acheter à l'un et vendre à l'autre, et avoir ainsi un déficit avec un pays et un excédent avec un autre sans chercher à équilibrer tous les échanges bilatéraux (la France peut avoir, par exemple, un large excédent avec le Royaume-Uni et un déficit avec la Chine).
Le commerce se décline au niveau des individus, des groupes sociaux, des régions ou encore des nations. Le commerce international désigne l'ensemble des échanges entre les nations. Il s'effectue principalement entre des entreprises qui exportent en vendant leurs produits à l'étranger et importent en s'approvisionnant auprès d'entreprises étrangères.
Le gain de l'échange
L'échange intervient si le gain, par rapport à une situation d'autarcie, est réciproque pour les deux partenaires. Il faut donc avoir un avantage à produire quelque chose (pour la Chine, des chemises par exemple) afin de l'échanger ensuite contre un autre produit (des avions Airbus) en provenance de l'étranger (France). « Le commerce permet alors aux individus et aux pays de se concentrer sur les biens qu'ils produisent le mieux » (Joseph Stiglitz, Principes d'économie moderne, 2000). Lorsqu'un pays possède une dextérité supérieure à tous les autres pour la production de tous les biens, il n'a que des avantages absolus, notion dégagée par Adam Smith en 1776 dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. Mais un pays qui n'a aucun avantage absolu peut-il aussi participer au commerce international ? L'économiste anglais David Ricardo et son compatriote Robert Torrens ont établi, au début du xixe siècle, les bases scientifiques de cette interrogation. Pour pouvoir échanger, il suffit de disposer d'un avantage relatif ou comparatif concernant un bien. Un pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens et services pour laquelle il est relativement, et non pas absolument, plus efficace que les autres partenaires. Il en est de même pour un échange de services entre deux personnes. Un exemple anecdotique permet de bien cerner le principe de l'avantage comparatif : même si un avocat sait à la fois mieux taper à l'ordinateur et mieux plaider (détenant ainsi un avantage absolu dans les deux activités) que son secrétaire, c'est dans la plaidoirie qu'il excelle le plus ; mieux vaut alors qu'il se spécialise dans les plaidoiries et que son secrétaire tape et prépare les dossiers ; chacun y gagne alors pour la bonne marche du cabinet.
L'échange procure ainsi un gain réciproque, mais la répartition de ce gain entre les partenaires n'est pas prédéfinie. Au niveau international, la notion de gain est encore plus complexe. Car, même au sein d'un pays, le gain global est l'addition d'un gain pour certains individus, groupes ou secteurs et d'une perte pour d'autres. Ainsi, les secteurs concurrencés par les importations (en France, par exemple, les secteurs du [...]
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Écrit par
- Jean-Louis MUCCHIELLI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Autres références
-
COMMERCE DES FOSSILES
- Écrit par Eric BUFFETAUT
- 2 938 mots
- 3 médias
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