Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COMMERCE DES FOSSILES

Des lois diverses selon les pays

Les fossiles constituent un patrimoine scientifique et culturel qu'il est indispensable de préserver. De plus en plus de pays en ont pris conscience et des lois ont été votées pour mettre en œuvre une protection. Elles sont très variables d'un pays à un autre, et peuvent même varier à l'intérieur d'un même État. En Allemagne, par exemple, la législation concernant les fossiles n'est pas la même d'un Land à un autre, plus stricte par exemple en Bade-Wurtemberg qu'en Bavière. Aux États-Unis, la distinction est très nette entre, d’une part, les terrains fédéraux, où la collecte des fossiles est soumise à des règles très contraignantes et appliquées avec sévérité (jusqu'à entraîner des peines de prison en cas d’infraction) et, d’autre part, les terrains privés, où les propriétaires peuvent exploiter les sites fossilifères comme ils l'entendent et faire commerce des spécimens collectés.

En France, la collecte des fossiles n'est strictement encadrée que dans des zones délimitées, les réserves géologiques, notamment (comme celles du Luberon ou de la montagne Sainte-Victoire), où la collecte des fossiles est soumise à des autorisations. Ailleurs, les fossiles appartiennent en principe au propriétaire du terrain où on les trouve, qui peut donner à autrui la permission de les extraire.

On constate en fait que le commerce des fossiles est rarement complètement interdit. Les restrictions portent plutôt sur leur collecte, dans un but de préservation du patrimoine paléontologique, pour éviter le pillage de sites. Ce n'est pas un hasard si les lois les plus strictes ont été instaurées dans des pays où l'exploitation des sites fossilifères à des fins commerciales avait pris des proportions considérables. Ainsi, le Brésil a-t-il longtemps été la source d'innombrables fossiles revendus dans le monde entier, jusqu'à la mise en place en 1996 d'une législation draconienne visant à la protection de ce patrimoine. Un certain nombre de pays confrontés à des problèmes similaires – comme la Chine, la Mongolie et la Thaïlande – ont de même pris des mesures strictes en ce sens.

Les conditions mêmes dans lesquelles les fossiles sont extraits et mis sur le marché peuvent susciter des débats intenses au sein de la communauté scientifique. Ainsi, l'ambre fossilifère de Birmanie, datant d’environ 100 millions d’années, est-il au cœur de controverses car il provient de zones en pleine guerre civile – et certains paléontologues jugent inacceptable d'un point de vue éthique d'acquérir et de décrire de tels spécimens, obtenus via un trafic aux pratiques très discutables.

Les lois visant à réprimer le commerce illégal des fossiles portent leurs fruits, notamment lors de saisies douanières ou policières menant à la restitution aux pays d'origine de spécimens exportés frauduleusement. On peut citer le cas d'un acteur hollywoodien qui a dû ainsi se séparer d'un crâne de dinosaure sorti illégalement de Mongolie.

Il ne faut pourtant pas se cacher que la mise en œuvre de tels règlements peut s'avérer compliquée lorsque les enjeux économiques sont trop grands. Ainsi, au Maroc, la collecte, la préparation et la vente des fossiles procurent un gagne-pain à des communautés entières, ce qui rend difficile l’application de mesures de protection trop strictes. Celles-ci, quand elles sont mises en œuvre sans discernement, peuvent d'ailleurs être contre-productives. Les paléontologues professionnels ne sont pas assez nombreux pour récolter tous les fossiles mis au jour par l'érosion naturelle, qui est par essence destructrice. Interdire totalement la collecte aux non-professionnels ne peut que mener à la disparition de très nombreux spécimens et à la perte d'informations précieuses. Les collectionneurs amateurs, qui pour la plupart[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

Squelette de tyrannosaure - crédits : Spencer Platt/ Getty Images News/ AFP

Squelette de tyrannosaure

Mary Anning - crédits : The Natural History Museum/ Alamy/ Hemis

Mary Anning

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis) - crédits : Simeon87/ fossilnews.org ; CC BY-SA 3.0

Bourse-exposition de Tucson (États-Unis)