INTERLOPE COMMERCE
Pratique qui consistait à introduire dans un pays, en dépit de ses lois ou de ses règlements, des marchandises destinées à une vente qualifiée d'illégale en vertu des droits exclusifs d'un monopole d'État ou de compagnie de commerce. Empruntant généralement la voie maritime, les marchandises étaient transportées à bord de navires interlopes. Le substantif « interlope » désignait aussi bien le commerce que le navire, voire la personne responsable : capitaine, subrécargue, marchand. Selon la théorie mercantiliste d'exploitation coloniale en honneur aux xviie et xviiie siècles, la métropole se réservait l'exclusivité du commerce avec ses colonies. En Amérique, ce fut chose difficile à réaliser dans la pratique, même en période de paix, car les distances et les fortunes changeantes de la mer rendaient aléatoire le soutien logistique des colonies. En temps de guerre, celles-ci devaient souvent assurer leur propre salut, sans pouvoir compter sur la métropole, parfois en faisant appel aux autres établissements européens de la région pour obtenir les denrées indispensables à leur survie. Toléré pendant les guerres, ce type de commerce était interdit par la métropole dès le retour de la paix. Il ne cessait pas toujours pour autant, car les économies étaient souvent complémentaires, comme dans le cas des colonies antillaises françaises et des colonies anglaises d'Amérique septentrionale. Les circuits commerciaux étaient plus puissants que les autorités coloniales. En Afrique aussi, le commerce interlope remplaça les monopoles, voire se substitua à eux. Le commerce interlope joua pour la dernière fois un rôle important pendant les guerres franco-britanniques de la Révolution française et du Premier Empire, spécialement pendant le Blocus continental décrété par Napoléon. Les interlopes continuèrent à introduire des marchandises anglaises en Europe en dépit de tous les efforts français pour les exclure.
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Écrit par
- Ulane BONNEL : docteur de l'université de Paris
Classification
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