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COMMERCE INTERNATIONAL Avantages comparatifs

Le processus de mondialisation amorcé dans les années 1970 est apparu comme un bouleversement majeur. Pourtant, le monde a connu, au xixe siècle, une période assez comparable d'ouverture des économies et de croissance rapide des échanges mondiaux. Les développements théoriques de cette époque ont d'ailleurs profondément marqué le raisonnement en économie internationale, et influencent encore aujourd'hui les débats et les politiques publics.

Le principe des avantages comparatifs figure au cœur de ces développements. L'avantage comparatif est la capacité, pour un producteur, à fournir un bien à un prix plus faible, relativement à d'autres biens, comparé à d'autres producteurs. Par exemple, un artisan peut disposer à la fois d'excellentes capacités dans la production de pain et dans celle de vaisselle, mais il disposera d'un avantage comparatif dans ce dernier bien si, comparé aux autres artisans, il est encore meilleur potier que boulanger. En vertu du principe des avantages comparatifs, il aura intérêt à consacrer son temps et ses efforts à la production de vaisselle et à laisser à d'autres le soin de produire du pain. En appliquant ce principe au cadre des pays, David Ricardo (1772-1823) construit en 1817 un argument majeur en faveur du libre-échange, et, au-delà, l'un des théorèmes les plus implacables et contre-intuitifs de l'économie moderne.

Se souvenant avoir été mis au défi par un ami mathématicien, sceptique quant au caractère scientifique de l'économie, de nommer une proposition en sciences sociales « à la fois vraie et non triviale », Paul Samuelson ne trouva pas de meilleure réponse, quelque trente années plus tard, en 1967, que le principe selon lequel les pays gagnent mutuellement à s'ouvrir au commerce international dès lors qu'il existe des avantages comparatifs. « Que cette théorie soit irréfutable, cela n'a pas besoin d'être démontré à un mathématicien. Qu'elle ne soit pas évidente est attesté par les milliers d'hommes éminents qui n'ont jamais été capables de la comprendre eux-mêmes ou de l'accepter après qu'on l'a leur eu expliquée ».

Le principe

En s'appuyant sur l'analyse de David Hume (1711-1776), qui décrit en 1752 (Political Discourses) un mécanisme d'ajustement automatique des balances des échanges internationaux, Adam Smith (1723-1790) investit le champ de l'économie internationale et développe dans La Richesse des nations (1776) une critique sévère des thèses protectionnistes soutenues par les mercantilistes. Il défend l'idée que les théories de la division du travail et de l'échange peuvent être étendues aux relations internationales. De ses développements sur le commerce international, on retient le plus souvent le principe des avantages absolus. En vertu de ce principe, les pays doivent se spécialiser dans les secteurs d'activité où leur efficacité est la plus grande. En conséquence, chaque pays doit exporter le surplus de production qui découle de cette spécialisation et importer les biens dont la production est laissée aux pays voisins.

Les avantages absolus offrent cependant une justification très incomplète des motivations de l'échange international : ils ne permettent pas de comprendre pourquoi un pays qui serait plus efficace dans la production de tous les biens aurait tout de même intérêt à entretenir des relations commerciales avec les pays voisins. Sur ce point, la réflexion en termes d'avantages comparatifs marque une véritable rupture en démontrant que l'échange international est toujours souhaitable.

Contribution de Torrens

On attribue généralement le principe des avantages comparatifs à David Ricardo. La paternité de cette idée est toutefois contestée et fait l'objet de débats récurrents (Ruffin, 2002). Robert Torrens[...]

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