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COMMERCE INTERNATIONAL Avantages comparatifs

Extensions du principe

En contrepartie de ses qualités didactiques, le modèle ricardien présente une économie mondiale simplifiée à l'extrême. Les avantages comparatifs reposent sur des différences relatives de productivité, dont l'origine n'est pas explicitée. Surtout, le modèle ne fait appel qu'à deux biens et un seul facteur de production, ce qui implique que l'ouverture au commerce conduit nécessairement à la spécialisation complète d'au moins l'un des deux pays. Le principe des avantages comparatifs est cependant suffisamment général pour que ce cadre puisse être étendu.

Chaîne d'avantages comparatifs et compétitivité

L'accroissement du nombre de biens ne pose pas de problème logique et permet d'aboutir à une loi généralisée des avantages comparatifs. Si l'on considère qu'il existe de nombreux biens, chaque économie peut comparer son niveau de productivité dans chaque secteur à celui du pays étranger. Il est alors possible de classer les différents secteurs d'activité selon les rapports internationaux de productivité, et constituer ainsi une chaîne d'avantages comparatifs. Si l'on considère n secteurs d'activité, en notant respectivement eiet e*i la productivité du travail du pays domestique et celle de l'étranger dans le secteur i, on peut classer les secteurs selon les productivités relatives :

e1/e*1<e2/e*2<...<ei/e*i<...<en—1/e*n—1<en/e*n

Le pays domestique est donc relativement désavantagé dans la production des premiers biens, mais il dispose d'un avantage relatif de productivité dans les biens situés à droite de la chaîne. La structure des échanges internationaux sera alors simplement fonction des coûts relatifs de la main-d'œuvre. En effet, le pays pourra exporter un bien dès lors qu'il est capable de le produire à un prix inférieur à celui qui est proposé par l'économie étrangère, c'est-à-dire si le salaire national, rapporté à la productivité sectorielle, est plus faible qu'à l'étranger. Le rapport des salaires fait donc la césure, au sein de la chaîne d'avantages comparatifs, entre les biens exportés par un pays et les biens qu'il va importer. Bien évidemment, il est impossible qu'un pays produise et exporte tous les biens sans rien importer de ses partenaires : dans une telle situation, la forte demande adressée à ce pays aurait tendance à accroître les salaires et l'excédent commercial générerait un surplus d'épargne qui se traduirait, à terme, par un excès de demande et donc un appel aux importations. Les ajustements sur les marchés du travail et les mécanismes de rééquilibrage des balances des paiements conduiront alors à un taux de salaire relatif tel que le pays puisse continuer à exporter au moins l’un de ces biens.

Outre la généralisation du principe des avantages comparatifs, cette présentation a l'intérêt d'éclairer la relation entre la notion d'avantages comparatifs ou comparés et celle de compétitivité, plus populaire mais moins pertinente pour la science économique. On trouve ici les déterminants traditionnels de la compétitivité : le coût de production (et plus précisément le coût du travail) et le niveau de la productivité. Comme le suggèrent les analyses de compétitivité, si l'économie nationale présente un salaire relativement élevé et, dans un secteur, une productivité relativement faible, cette activité sera mise en péril par la concurrence étrangère. La notion de compétitivité est pertinente au niveau sectoriel : les hauts salaires pénalisent effectivement les secteurs trop peu productifs face à la concurrence étrangère. Mais le principe des avantages comparatifs impose une réflexion plus globale qui vient inverser la vision des relations internationales : ce sont bien les possibilités offertes par l'ouverture commerciale[...]

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