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COMMERCE INTERNATIONAL Avantages comparatifs

Limites du principe

Le principe des avantages comparatifs est un argument très fort en faveur du libre-échange. Mais il est apparu rapidement qu'il ne suffisait pas à décrire la structure du commerce international dans son ensemble. La nécessité de faire correspondre les développements théoriques aux évidences empiriques a justifié une remise en question de l'analyse traditionnelle du commerce international, et conduit à rechercher d'autres motivations des échanges internationaux.

Premières vérifications empiriques décevantes

Dans le modèle ricardien, les pays doivent exporter les biens auxquels est associée une productivité relativement élevée. Cette proposition peut être soumise à l'épreuve des faits. Bela Balassa a par exemple montré, en 1963, en utilisant des données de 1951, que les différences sectorielles de productivité entre les États-Unis et la Grande-Bretagne étaient liées à leurs performances à l'exportation. Ce type de test reste cependant éloigné de la structure exacte du modèle et n'apporte qu'une vérification partielle du principe des avantages comparatifs.

Les analyses empiriques du cadre H.O.S. sont encore plus décevantes. Dans un article publié en 1954, Wassily Leontief a examiné, sur des données de 1947, le contenu en services de facteurs du commerce des États-Unis. Au sortir de la guerre, les États-Unis étaient sans conteste l'économie la plus industrialisée du monde ; on s'attendait à ce qu'elle bénéficie d'un avantage comparatif dans les productions intensives en capital. Or Leontief observe que les importations américaines sont relativement plus intensives en capital que les exportations. Ce résultat – connu sous le nom de paradoxe de Leontief – contredit donc clairement les conclusions du cadre H.O.S. Les recherches empiriques qui ont suivi le travail pionnier de Leontief ont globalement confirmé ce résultat.

Au-delà du paradoxe de Leontief, les analyses de la structure des échanges mondiaux viennent contredire les conclusions des modèles d'avantages comparatifs. Une analyse statistique simple des flux de commerce montre sans ambiguïté que l'essentiel des flux impliquent des pays géographiquement et économiquement proches, peu susceptibles de présenter une structure d'avantages comparatifs très marquée. Plus encore, les travaux de Herbert Grubel et Peter Lloyd, publiés en 1975, ont souligné l'incapacité des modèles fondés sur les avantages comparatifs à expliquer les flux de commerce internationaux. Ils ont montré que le commerce international est dominé par les échanges de type intra-branche (ou intra-industriel), c'est-à-dire que les pays importent et exportent simultanément les mêmes biens. Or le principe des avantages comparatifs implique une spécialisation des pays, et donc des flux d'imports et d'exports portant sur des secteurs distincts. L'incapacité des modèles d'avantages comparatifs à expliquer ce type de commerce explique alors l'insuccès des tentatives de vérifications empiriques et justifie la recherche de modèles alternatifs de commerce international.

Nouvelles théories du commerce

Si la notion d'avantages comparatifs n'est pas associée à une structure de marché particulière, les modèles de commerce international qui fondent leur analyse sur les avantages comparatifs font cependant l'hypothèse d'une concurrence parfaite. Dans les années 1980, les développements de la science économique ont, en revanche, donné une nouvelle dimension à l'analyse du commerce international en y introduisant les imperfections de marché. Les apports des nouvelles théories du commerce international ont permis d'aboutir à deux conclusions essentielles : il peut y avoir des échanges commerciaux sans avantages comparatifs, et les échanges internationaux peuvent être intra-branches.[...]

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