- 1. Matières premières du Sud contre production industrielle du Nord
- 2. Une nouvelle D.I.T.
- 3. De nouveaux acteurs
- 4. Échanges croisés de produits différenciés
- 5. Une nouvelle donne concurrentielle
- 6. Vers une organisation globale des firmes
- 7. Fractionnement des chaînes de valeur ajoutée
- 8. Bibliographie
COMMERCE INTERNATIONAL Division internationale du travail
Vers une organisation globale des firmes
La pression concurrentielle des importations impose aux firmes de rechercher de nouvelles sources de gains de productivité, de se recentrer sur les activités où elles sont le plus efficaces, enfin d'appliquer le progrès technique. Ainsi, le commerce international a un effet de sélection des produits : les plus intensifs en travail non qualifié ou ceux dont les processus de production sont le plus difficilement automatisables disparaissent. Les biens dont la fabrication a été maintenue au Nord possèdent alors un contenu factoriel (les facteurs de production mobilisés) différent de ceux qui sont importés et dont les concurrents nationaux ont disparu. La pression concurrentielle des importations entraîne, par ailleurs, un effet de sélection des firmes, et donc élève le niveau moyen de productivité des secteurs. Enfin, la recherche d'efficacité et de nouveaux avantages comparatifs par les firmes conduit celles-ci à fractionner le processus de production ; l'industrie automobile européenne est à cet égard emblématique : moteurs fabriqués en Allemagne, vitrages en France, boîtes de vitesses au Royaume-Uni, assemblage en Espagne.
Au total, les firmes répondent à la concurrence des importations en réalisant des gains de productivité et en fractionnant le processus de production pour tirer parti des différences de coûts relatifs. Ce faisant, elles élèvent le niveau de qualification observé au sein des industries. On enregistre alors un impact sur les emplois non pas entre les industries mais au sein des industries. C'est un fait avéré pour les États-Unis, pour la France ou encore le Royaume-Uni. Par exemple, la demande de salariés non qualifiés diminue non pas en raison d'un développement de l'industrie pharmaceutique (employant surtout des salariés qualifiés) aux dépens de l'industrie de l'habillement (employant surtout des non-qualifiés), mais en raison d'un mouvement, commun aux deux industries, de progression du niveau de qualification des emplois offerts.
Les implantations à l'étranger des firmes multinationales ont des effets similaires à ceux du commerce international. Les travaux empiriques montrent que la production à l'étranger augmente l'emploi de personnel qualifié et réduit celui d'employés non qualifiés dans le pays d'origine, sans effet notable sur l'emploi total. Le mécanisme, mis en lumière par Tain-Jy Chen et Ying-Hua Ku, est complexe : la production des filiales étrangères se substitue partiellement à celle de la maison mère ; mais l'amélioration de la compétitivité de la firme augmente ses ventes et donc aussi la production de la maison mère.
De même, la comparaison des firmes devenant multinationales avec celles qui n'investissent pas à l'étranger montre que la performance des premières s'améliore en termes de productivité totale et de croissance, alors qu'aucun effet sur l'emploi n'est observé une fois pris en compte les autres déterminants des variations de l'emploi.
Finalement, les firmes se réorganisent globalement pour résister aux pressions concurrentielles. Elles spécialisent leurs filiales à l'étranger sur les segments de valeur ajoutée les mieux adaptés aux conditions locales de production qu'elles rencontrent. L'effet sur l'emploi est globalement limité mais clairement défavorable aux salariés non qualifiés dans les pays du Nord. Ce constat est donc assez éloigné des craintes de déménagements systématiques d'usines vers les pays à bas coûts de main-d'œuvre, véhiculées par quelques exemples emblématiques de délocalisations.
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Écrit par
- Lionel FONTAGNÉ : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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