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COMMERCE INTERNATIONAL Division internationale du travail

Fractionnement des chaînes de valeur ajoutée

La première conséquence de ces évolutions est l'accroissement dans les échanges mondiaux de la part des échanges de pièces détachées et de composants. Une enquête réalisée sur l'ensemble des firmes multinationales américaines montre qu'une baisse de 1 p. 100 des coûts de transport entraîne une augmentation de 2 p. 100 à 4 p. 100 des importations de biens intermédiaires destinés à être transformés. L'importation devient alors « productive » au sens où une grande partie des importations retournent dans le processus de production, où elles déversent technologie et gains de productivité. On parle à ce propos, à la suite de Bernard Lassudrie-Duchêne, de division internationale des processus productifs (D.I.P.P.), ou encore de division verticale du travail. Ce fractionnement des chaînes de valeur ajoutée au niveau international permet de tirer parti des différences de coûts ou de productivité entre les différentes localisations possibles. Il y a là de nouveaux gisements de gains d'efficacité.

Cette réorganisation globale des firmes implique enfin de nombreux échanges entre filiales localisées dans différents pays, ou entre filiales et maison mère. Ces échanges intra-firme portent sur les produits en cours de fabrication, ou sur les produits finis destinés à la revente. Aux États-Unis, le commerce intra-firme représente la moitié des exportations. Plus de 90 p. 100 des exportations industrielles des firmes américaines vers leurs filiales portent sur des biens en cours de fabrication, destinés à être transformés ou assemblés à l'étranger.

Les opinions publiques sont fortement sensibilisées à ce qui constitue la partie émergée de cette évolution, à savoir les délocalisations. Les fermetures d'usines dans un pays pour les réinstaller dans un autre et réimporter ensuite une partie de la production sont spectaculaires ; elles représentent toutefois une part limitée des opérations de restructuration internationale des firmes. Même dans le cas des investissements allemands dans les pays de l'Est auxquels l'Union européenne s'est récemment élargie, les délocalisations n'ont jamais représenté plus d'une opération de restructuration internationale sur cinq. Et le nombre d'emplois perdus en Allemagne, sur une décennie, est très limité (de l'ordre de 90 000, selon une étude de Dalia Marin publiée en 2004). Mais, par leur impact local fort sur des bassins d'emplois traditionnels déjà en difficulté, ces opérations spectaculaires cristallisent les contradictions des nouvelles formes du commerce international : gain d'efficacité, mais coûts localisés et clairement identifiables. C'est probablement ce qui rapproche cette nouvelle D.I.T. de la D.I.T. traditionnelle : la spécialisation fait des gagnants et des perdants, conférant ainsi à la puissance publique une grande responsabilité en termes d'accompagnement de l'ouverture des économies.

— Lionel FONTAGNÉ

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