COMMERCE INTERNATIONAL Politique du commerce extérieur
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Les politiques contrôlées de libéralisation des échanges (1950-1990)
Pour tenter d’échapper aux effets de la crise de 1929, les États-Unis et les pays d’Europe ont érigé des barrières au commerce sous forme de droits, de quotas d’importation, ou par des dévaluations de leurs monnaies. Ces mesures de protection n’ont fait que restreindre le commerce international et, par conséquent, amplifier la crise des années 1930. La sortie de crise par des politiques de protection sans aucune concertation avec les partenaires a donc été considérée a posteriori comme une mauvaise solution pour venir à bout de la récession, ce qui a ouvert la voie à la coopération.
Abaissement des barrières dans le cadre du GATT
Après la Seconde Guerre mondiale, les pays vainqueurs décident de libéraliser progressivement leur commerce, par la voie de négociations multilatérales, organisées périodiquement dans le cadre d’un nouvel accord, le GATT (General Agreement on Tariffs and Trade ou Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), signé en 1947. Ces négociations permettent des abaissements réciproques et progressifs de droits de douane au cours de quatre principaux cycles : le cycle de Genève (1947), le cycle Kennedy (1964-1967), le cycle de Tokyo (1973-1979) et le cycle d’Uruguay (1986-1994). En 1995, l’accord de Marrakech créée l’OMC (Organisation mondiale du commerce), organe pérenne remplaçant le GATT, simple accord renouvelable.
L’OMC, comme le GATT en son temps, repose sur quatre principes : la réciprocité, la clause de la nation la plus favorisée (NPF), le traitement national (le produit importé doit être traité comme le produit national comparable) et la consolidation (chaque pays s’engage à ce que ses droits ne dépassent jamais les niveaux qu’il a acceptés dans la précédente négociation). Pendant la période du GATT, le nombre de pays signataires ne fait que croître (23 en 1947, 116 en 1993), mais les acteurs véritablement influents sont les grands pays industrialisés, qui s’échangent des concessions douanières sur les produits industriels, l’agriculture bénéficiant d’une exception à la demande de la CEE (Communauté économique européenne, devenue Union européenne en 1993). Les États-Unis, la CEE et le Japon acceptent des réductions importantes de droits sur la plupart des produits manufacturés. Le niveau moyen mondial des droits de douane est divisé par quatre entre 1947 et le début des années 1960. Au moment du cycle Kennedy (1964-1967), les États-Unis veulent profiter du marché européen en pleine expansion et abaissent leurs barrières tout en maintenant des « pics tarifaires » dans certaines branches. Ce cycle permet d’obtenir, à l’échelle mondiale, un abaissement du taux moyen de droits à l’importation sur les produits industriels de plus d’un tiers ; les réductions portent sur les trois quarts des produits.
Les tensions commerciales des années 1970 et 1980
Les crises des années 1970 (chocs pétroliers, abandon du système de changes fixes) et l’émergence de nouveaux concurrents, les nouveaux pays industrialisés (NPI), principalement asiatiques, obligent les nations industrialisées à infléchir leurs politiques commerciales. Malgré ce contexte de crise, lors du cycle de Tokyo (1973-1979), les 79 pays participants parviennent à s’entendre sur un nouvel abaissement de droits et sur une réduction de l’éventail de ceux-ci autour de la moyenne. Mais les pays développés obtiennent de maintenir des obstacles dans certains secteurs fragilisés par la concurrence des NPI : textile, cuir, sidérurgie, construction navale. Les États-Unis et l’Europe, qui font face à un ralentissement de leur activité et à une hausse du sous-emploi dus à la concurrence des NPI et du Japon, puisent dans l’arsenal des ONT. Sur la période 1966-1986, le pourcentage du nombre de produits importés soumis à au moins un ONT passe[...]
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Écrit par
- Bernard GUILLOCHON : docteur en sciences économiques, professeur émérite à l'université de Paris Dauphine
Classification
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