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COMMERCE INTERNATIONAL Théories

La théorie classique du commerce international

Le commerce international a fait l'objet d'une première analyse scientifique au tournant du xviiie siècle, s'opposant à la doctrine mercantiliste alors en vigueur, qui y voyait un jeu à somme nulle. Amorcée par le « père de l'économie politique », Adam Smith, cette nouvelle analyse du commerce international, visant à montrer au contraire que le commerce entre nations procure un gain net, sera approfondie par David Ricardo, puis, au xxe siècle, par Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson.

L'importation, source de gains

Adam Smith (1776), en s'opposant aux mercantilistes, avance deux arguments importants. Le premier argument est celui de l'avantage absolu : l'importation est à l'origine d'un gain à l'échange et il convient d'acheter à l'étranger ce qui y est disponible à moindre coût. Réciproquement, l'économie nationale exportera les biens pour lesquels elle produit dans des conditions plus avantageuses. Cet argument est à la fois profondément moderne dans son intuition et erroné dans l'utilisation qui en est faite. C'est bien l'importation, suscitant un mouvement de spécialisation et mettant à disposition des producteurs et des consommateurs une plus grande variété de biens et de services, qui est à l'origine d'un gain. Patrick Messerlin, dans son ouvrage de 1998, y voit le premier principe du commerce international et Bernard Lassudrie-Duchêne parle d'« importation productive ». Toutefois, si les coûts absolus de production déterminent les échanges, un pays dont les coûts sont plus élevés que ceux de l'ensemble de ses partenaires ne pourra pas, si l'on s'en tient à l'argument de Smith, exporter de façon profitable. En pratique, il ne semble pas que l'auteur ait cru bon d'approfondir cet aspect ; mais l'histoire a retenu cette critique de l'apport de Smith, due à David Ricardo, plutôt que la justesse de l'intuition.

Le second argument concerne la taille des marchés : le principe de division du travail, dont Smith fait un moteur de la croissance, est borné par l'étendue du marché. Ce principe, qui s'applique en économie fermée, peut se transposer en économie ouverte : ouvrir l'économie, c'est participer à un plus grand marché et bénéficier de techniques par conséquent plus efficaces. Toute la théorie moderne du commerce international reprend cette idée, en invoquant notamment les « économies d'échelle internationales ».

Un pays désavantagé dans toutes les activités peut exporter

Ricardo a résolu la difficulté, laissée en suspens par Smith, relative à la nécessité d'un avantage absolu de chaque pays pour au moins un bien. En montrant que même la participation d'un pays désavantagé dans tous les biens est à l'origine d'un gain net, ses Principes (1817) constituent le premier ouvrage scientifique d'économie internationale. Deux apports distincts doivent être mentionnés : le principe d'avantage comparé, qui corrige Smith et va constituer le socle de toute l'approche classique du commerce international ; la possibilité d'un échange fondé sur des différences d'efficacité de production entre pays.

Le principe d'avantage comparé est simple mais contre-intuitif. Paul Samuelson, Prix Nobel d'économie en 1970, a affirmé que c'était le principe économique le plus difficile à comprendre ; Paul Krugman, chef de file de la nouvelle économie internationale, affirme plus radicalement pour sa part que ce principe ne peut pas être compris...

En réalité, ce principe combine l'idée du coût d'opportunité, chère aux économistes, à celle d'un ajustement des balances de paiements par les variations du taux de change. Pour un individu, le coût d'opportunité[...]

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