COMMERCE INTERNATIONAL Théories
La nouvelle théorie du commerce international
Concurrence parfaite, produits homogènes et rendements constants à l'échelle soutiennent l'édifice de la théorie classique du commerce international. Relâcher ces hypothèses en reconstruisant la théorie du commerce international sur les bases de la micro-économie et de l'économie industrielle a permis de déboucher sur des résultats nouveaux. Paul Krugman a joué un rôle décisif dans cette entreprise de reconstruction.
Différents types de rendements croissants
L'existence de rendements d'échelle croissants suppose que la production augmente plus vite que la taille des unités de production (rendements internes) ou que la taille de l'industrie (rendements externes). Ces deux dimensions du problème ne sont pas aisément dissociables sur le plan empirique, car on dispose généralement de données d'industries et non de firmes. Sur le plan théorique, cette distinction est importante, car seules les économies externes préservent la concurrence parfaite. Des économies internes incitent au contraire les firmes à grandir : elles y trouvent la possibilité d'adopter des comportements stratégiques lorsqu'elles se retrouvent en petit nombre ; cela limite par ailleurs la variété de produits qu'une industrie d'une taille donnée peut offrir à ses clients. Depuis la fin des années 1970, toute la théorie du commerce international a été réécrite sur la base de ces principes. La validation empirique du nouvel édifice est en cours depuis la fin des années 1990.
Les coûts unitaires baissent avec le développement des industries, au sein d'un pays, dès lors que des externalités positives apparaissent : émergence de qualifications spécifiques, plus grande diversité de fournisseurs à proximité, etc. Dès lors, la taille (de la production nationale) compte. Cette idée est nouvelle puisque l'on ne peut plus se contenter de raisonner en termes relatifs, comme dans la théorie classique du commerce. Un avantage initial sera cumulatif, puisque les gains de parts de marché à l'ouverture permettront de renforcer la différence de coût. Cette différence de taille peut provenir de la taille du pays (son produit national brut), de préférences différentes des consommateurs, de subventions publiques, etc. Elle peut également provenir d'un avantage comparatif.
Les activités à rendements croissants tendront finalement à être beaucoup plus concentrées dans l'espace. Et tout processus d'intégration devrait renforcer cette tendance à leur concentration. Mais l'avantage comparatif, au sens classique, n'est plus un préalable à la spécialisation des pays. Même si tout est identique (technologie, demande, taille) dans deux pays s'ouvrant aux échanges réciproques, la production à rendements croissants d'un bien sera en effet nécessairement concentrée dans l'un d'entre eux à l'équilibre.
Lorsque la production d'un bien implique des coûts fixes (mise au point du produit, investissements en publicité, etc.), ceux-ci doivent être financés, ce qui suppose une marge sur chaque unité vendue, et répartis sur un grand nombre d'unités vendues, ce qui suppose un élément de monopole (un élément de différenciation faisant du bien vendu un bien unique non concurrencé par d'autres). Dans les deux cas, la concurrence parfaite doit être abandonnée. Plus généralement, la concurrence imparfaite distingue les situations de concurrence de petit nombre impliquant une interdépendance stratégique des firmes, des situations de monopole sur le produit et de libre entrée dans l'industrie (concurrence monopolistique).
Interdépendance stratégique
Lorsque les firmes sont en nombre réduit sur un marché, les décisions prises ont un impact direct sur les concurrents et doivent tenir compte des actions de ces derniers. L'archétype[...]
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Écrit par
- Lionel FONTAGNÉ : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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