COMMERCE
Les déterminants et les conséquences du commerce
Les pays (les individus ou les groupes) commercent parce qu'ils sont différents. On peut dénombrer cinq grandes différences capables de créer du commerce. Premièrement, des différences de dotations en facteurs de production, les pays ne disposant pas tous des mêmes quantités de capital, de main-d'œuvre (qualifiée ou non qualifiée), de matières premières, etc. Ainsi les pharaons de l'Égypte ancienne achetaient-ils du bois et de la résine du Liban (Tyr) pour construire leurs barques de cérémonies et momifier leurs morts. Deuxièmement, des différences de savoir-faire : les compétences technologiques et la productivité de la main-d'œuvre sont inégales (les avancées allemandes au xixe siècle dans le domaine de la chimie ont favorisé les exportations de produits chimiques des grandes entreprises telles que Bayer, Hoechst, etc.). Troisièmement, des différences de structures de marché : les prix sont plus bas là où les structures de marchés sont concurrentielles (les Pays-Bas deviendront ainsi exportateurs de courrier postaux vers l'Asie, les entreprises européennes expédiant leur courrier pour l'Asie en passant par eux pour des raisons de coûts). Quatrièmement, la taille des marchés diffère grandement selon les pays (en raison de sa taille, le marché américain constitue le premier débouché des productions américaines). Restent à évoquer, cinquièmement, les différences de demande et de goût (afin de satisfaire le goût de ses consommateurs pour le thon, le Japon, doit, par exemple, en importer d'Espagne).
Ces différences expliquent des écarts de coûts, de prix et de qualité des produits ; elles sont autant d'incitations à l'échange, à condition toutefois que le commerce soit sinon libre du moins relativement facile. Cela implique que les coûts de transaction (barrières commerciales, coûts de transport, et autres barrières économiques et culturelles constituant ce qu'il est convenu d'appeler un « effet frontière ») n'excèdent pas les avantages relatifs de coûts de production ou de prix. Certains pays africains enclavés auront de grandes difficultés à exporter leurs productions du fait de coûts de transport prohibitifs. Le coût de transport est, par exemple, trois fois plus élevé entre le Niger et le Kenya qu'entre la côte est des États-Unis (Baltimore) et Francfort (Banque mondiale, Rapport sur le développement mondial, 2000).
Les déterminants du commerce peuvent néanmoins sembler plus complexes quand sont échangés des produits relativement comparables. La France exporte et importe à la fois des voitures ou des cellules d'aéronef, ainsi que de nombreux autres produits. Ce commerce de produits appartenant à une même branche d'activité (branche automobile, par exemple), dit commerce intra-industriel ou intra-branche, représente environ les deux tiers des échanges internationaux des pays développés. Il s'effectue principalement sur des segments de produits qui ne se situent pas au même stade de production, mais qui appartiennent au même produit final (échange intra-industriel vertical, comme les pièces détachées d'automobile). Il peut aussi porter sur des produits finis d'une même industrie mais de qualité différente ou qui ne se situent pas dans la même gamme de produits (commerce de haut de gamme et commerce de bas de gamme). L'accent est mis alors sur la structure oligopolistique des entreprises qui se concurrencent les unes les autres par des ventes croisées : Renault pénètre le marché allemand et Volkswagen le marché français. Cependant, des différences de technologie, de coûts ou d'économies d'échelle joueront encore un rôle dans ce type d'échange. Le consommateur verra en principe ses choix s'élargir et les prix baisser en raison d'une concurrence accrue, et l'on retrouve ici l'intérêt et le gain de l'échange.[...]
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Écrit par
- Jean-Louis MUCCHIELLI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Autres références
-
COMMERCE DES FOSSILES
- Écrit par Eric BUFFETAUT
- 2 938 mots
- 3 médias
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